mercredi 16 janvier 2008

OGM, Hénin-Beaumont...


Le gouvernement français a donc pris la décision de faire jouer la clause de sauvegarde, au sujet de la commercialisation du maïs OGM Mon 810. Cette clause permet de suspendre l’application d’une Directive européenne, quand des éléments sérieux sont invoqués par un Etat. Cela a déjà été le cas pour 6 pays, dans le domaine des OGM et 4 pays plus précisèment pour le Mon 810 (France, Autriche, Hongrie, Grèce). L’Etat français doit donc étayer son dossier d’arguments probants .
Rappelons que la Commission européenne prendra quelques années avant de répondre à la France (8 ans, par exemple, pour la demande autrichienne). Le temps permettra aux nombreuses expériences scientifiques en cours d’apporter leurs conclusions.
Je souhaiterai faire plusieurs remarques sur le sujet. En préalable, rappelons que la contamination ou la pollinisation des cultures par des plantes OGM aboutit à un phénomène irréversible. Si, un jour, la nocivité des OGM est prouvée, on ne pourra plus revenir en arrière, et tout ce qui aura été pollué, le sera indéfiniment.

- C’est pourquoi le principe de précaution, inscrit dans la Charte de l’Environnement, elle-même inscrite dans la Constitution, est si important. Dès qu’un risque pour l’environnement ou la santé est détecté, il convient de prendre les dispositions nécessaires pour vérifier la nocivité éventuelle de ce qui est à l’origine de ce risque. Beaucoup d’exemples parsèment notre histoire de risques pris inconsidérément alors que des doutes étaient émis : amiante, thalidomide, plombémie de Métalleurop, dioxine des incinérateurs, etc…Pourtant ; un homme aussi écouté que Jacques Attali, dans son rapport sur " Les freins de la croissance " commandé par l’actuel Président de la République, pense qu’il faut revenir sur ce principe de précaution !

- Il n’est nullement question de freiner la recherche scientifique. On sait que l’on espère, par les manipulations génétiques, trouver des médicaments pour traiter de terribles maladies (par exemple : la mucoviscidose). Cette recherche doit continuer; et même s’étendre (ceci est d’ailleurs un autre problème : celui des moyens insuffisants alloués à la recherche publique…), mais en milieu confiné, ce qui ne pose pas de problème


- Alors que 86% des Français sont hostiles aux OGM, des multinationales continuent leur forcing pour que les OGM soient reconnus. Quelle manne financière si cela était le cas : l’agriculteur ne pourrait plus utiliser ses propres semences, et le marché mondial des cultures et de leur traitement serait aux mains de quelques entreprises. En outre, fini la diversité, dont on sait, que non seulement, elle nous permet d’éviter la standardisation de notre alimentation, mais qu’elle permet, excusez du peu, la continuation de la vie sur terre !


- La question des OGM pose un problème de démocratie : pourquoi vouloir imposer ce dont les Français (et probablement, d’autres) ne veulent pas ? J’ai toujours pensé que l’on pouvait consulter nos compatriotes par référendum, après une ample campagne d’information afin que chacun soit à même de juger.


- Enfin, je souhaiterais faire remarquer à ceux qui réfutent l’idée d’Europe, qu’il se trouve que la plupart des pays européens (à part l’Espagne) réagissent comme la France (alors que les Etats-Unis, le Brésil ou encore l’Argentine se sont engagés à fond dans les cultures OGM et que les premiers doutes naissent) et cela montre bien qu’il y a une spécificité européenne, là, comme dans d’autres domaines : sur le rôle de l’état, la notion de service public, ou encore la culture, par exemple.


Il me plaît à dire, et je l’ai déjà exposé, que ce débat sur la biodiversité, sur la préservation de notre alimentation et de notre santé, doit faire partie d’un programme politique mis en œuvre par une collectivité.
Il faut conserver notre agriculture traditionnelle (et donc nos terres agricoles, bradées aujourd’hui au plus offrant), en favorisant le lien producteur/consommateur, pour une alimentation de qualité (on peut même associer les grandes surfaces). Il faut avoir une politique d’alimentation de qualité dans les écoles (du bio, en particulier, mais aussi distribution gratuite de fruits), faire de l’éducation à l’alimentation pour tous (avec distribution de cartes fruits et légumes pour les revenus les plus faibles) et se fixer des objectifs en matière de lutte contre l’obésité et le surpoids, problème de santé publique particulièrement alarmant chez nous.


Il y a tant de choses à faire pour notre santé, certes, mais aussi pour notre qualité de vie !

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