vendredi 30 mai 2008

"Des taux élevés de PCB trouvés chez des consommateurs de poisson"

Le journal Le Monde indique que « consommer régulièrement du poisson expose à des taux plus élevés de polychlorobiphényles dans le sang. C'est la conclusion d'une étude menée sur une soixantaine de volontaires par l'Association santé-environnement Provence, un regroupement de 350 médecins provençaux, avec le soutien de la branche française du WWF ». Le journal note ainsi que « cette étude conclut que les personnes vivant près du Rhône et de la Seine, […] et consommant du poisson au moins une fois par semaine, présentent des taux de PCB dans le sang au moins cinq fois supérieurs au taux d'un groupe témoin en consommant peu ». Le quotidien note, toutefois, que « l'étroitesse des échantillons conduit à prendre les résultats de cette étude - la première du genre en France - avec précaution ». Le Monde remarque que « le préfet de Rhône-Alpes, Jacques Gérault, a émis des réserves sur la fiabilité de l'étude de l'ASEP. Il a indiqué que l'Afssa (Agence française de sécurité sanitaire des aliments ) et l'InVS (Institut National de Veille Sanitaire) allaient effectuer une enquête nationale d'imprégnation aux PCB, portant sur 900 personnes, auprès des populations fortement consommatrices de poissons de rivière ». Le journal précise que « ses résultats ne sont pas attendus avant juillet 2010 ».
Le journal La Croix note, lui, que « le pyralène contamine aussi les mangeurs de poissons». Le quotidien retient que « la pollution du Rhône aux PCB ne cesse de prendre de l’ampleur ». Le journal explique que « bien qu’interdits à la vente depuis 1987, les PCB auparavant largement utilisés dans l’industrie ont continué à être rejetés, notamment lors d’activités de recyclage des anciens transformateurs électriques ».
Remarques:
- A noter l'implication très forte du corps médical au côté d'un mouvement écologiste: espèrons que cela fera entrer la santé environnementale au coeur de nos politiques de santé.
- Cette affaire montre bien l'inertie des pouvoirs publics face à un problème de pollution environnementale de cette ampleur. L'impact sanitaire est en termes de cancers (sein), immunitaires (baisse des défenses immunitaires) , atteinte du développement neurologique chez l'enfant suite à l'exposition maternelle.
- Pendant ce temps-là, le Grenelle de l'environnement se vide peu à peu de sa substance. C'est dommage, pour une fois que dans ce domaine, nous faisions figure de précurseur!

jeudi 29 mai 2008

Pêle-mêle

1- La réclusion à perpétuité (incompressible) pour Fourniret, et son épouse (minimum 28 ans) a donné lieu à un procès exemplaire: dignité des parties civiles, maîtrise des débats de la part du juge, qualité des avocats, réquisitoire fougueux (critiqué par certains) de l'avocat général. Et chose extraordinaire: on n'a pas entendu les partisans de la peine de mort! Il aura donc fallu 27 ans pour que l'opinion publique intégre ce principe que la justice des Hommes ne peut appliquer aveuglement le principe "oeil pour oeil, dent pour dent".
On ne redira jamais assez que les 2 grands Hommes de la période mitterrandienne furent Robert Badinter et Simone Veil: l'un comme l'autre ont su forcer les résistances conservatrices en faisant adopter des lois , à l'honneur de l'Homme: certes, l'avortement a encore ses partisans, mais on peut penser que leur nombre se réduira comme c'est le cas, aujourd'hui, pour celui des défenseurs de la peine de mort.
2- Le prix du baril de pétrole à 135 dollars, l'essence à plus de 1, 40 euros le litre! Je ne voudrais pas enfoncer le clou: mais le premier choc pétrolier date de 1973, et qu'a-t-on fait depuis pour la réduction des consommations et le développement des énergies renouvelables? Rien ou pratiquement rien! Je me souviens qu'il y a 2 ans, Yves Cochet, éphèmère Ministre de l'Environnement, en 2001, annonçait le prix du baril à 200 dollars sous peu, soulevant moult sourires narquois...et plus personne aujourd'hui ne se risque à faire de pronostics. Et pourtant le litre de carburant à 2 euros c'est pour...demain. 2 simples remarques sur ce sujet, preuve de la faillite des dirigeants politiques (mondiaux), et de l'influence néfaste des lobbys:
- Qui va subir les conséquences de ce désastre annoncé? Comme d'habitude, les pauvres et les classes moyennes, souvent rejetés en dehors des villes , et qui n'ont, comme unique moyen de locomotion, que leur voiture. Intra-muros, les transports en commun et les vélos permettent à ceux, qui, pour certains, en auraient pourtant les moyens, d'éviter d'utiliser leur véhicule personnel.
- A qui "profite le crime"? A l'Etat qui engrange les taxes, et, sans s'en vanter, espère, ainsi, diminuer les déficits budgétaires records. Et pourtant, il est encore temps d'investir les milliards d'euros de recettes supplémentaires engrangés, dans les transports collectifs (trains, RER, tramways) et l'amélioration des performances thermiques des logements. Non seulement on allégerait les factures énergétiques, mais on créerait de l'emploi, massivement (eh oui, Monsieur Le Pen, il faudra faire venir de la main d'oeuvre étrangère...), on résoudrait les problèmes de financement des retraites, de la sécurité sociale, etc...
3- Le comportement de notre Président de la République me fait, de plus en plus; penser à celui d'un monarque absolu. On a tous en tête la médiatisation de sa vie privée et son goût pour l'apparat: Louis XIV, à Versailles, devant sa cour, en présence de la reine, préoccupé de faire connaître sa vie privée (non, je ne pense pas qu'il ait des favorites, malgré Rachida Dati...).
Mais n'est-ce pas extraordinaire de constater qu'il a mis en place un cabinet privé de 7 ministres, qu'il veuille intervenir devant le Parlement, qu'il impose son point de vue péremptoire dans des domaines où il a pourtant nommé des commissions de travail ou pris des engagements(commission Copé sur le financement de la suppression de la publicité sur les chaînes de TV publique; sur le démantèlement des 35 heures; sur les 300 propositions du rapport Attali, etc, etc...).. Jusqu'où ira le nouveau Roi Soleil? Fera-t-il réviser la loi de 1905, fondement de la laïcité? Nous mettra-t-il à dos les autres pays, à l'occasion de la prochaine Présidence française de l'Union Européenne (1er juillet)? (Cela sera, alors, plutôt Napoléon et Waterloo, sans parler de Sainte-Hélène...) Fera-t-il réformer le mode d'élection des Conseils Régionaux, pour éviter, en 2010, le désastre de 2004 (20 régions sur 22 à gauche), sans parler de celui des municipales, pour les mêmes raisons?
Mais attention la Fronde monte: de la part de l'aristocratie (les barons: Chirac, Debré et Villepin), mais aussi des corps intermédiaires (députés de la majorité), et du peuple (pêcheurs, transporteurs, enseignants, lycéens...).
Sire, vous avez dit Révolution? Que nenni! La Révolution, c'est moi! Ces manants ne comprennent pas la "rupture"...

dimanche 25 mai 2008

Nouveau: un droit pénal européen

Le droit pénal européen se met en place, et, significativement, la première directive concerne l'environnement.
J'ai repris, ci-dessous, le texte du député européen Alain Lipietz, concernant ce sujet. Si vous souhaitez approfondir, voyez sur son blog, pour les liens avec les différents textes (dont celui de la Directive): http://lipietz.net/?breve303
"L'adoption mercredi de la directive sur le droit pénal environnemental est une grande première à de multiples titres.
Rappelons-le d'abord, il n'y a pas de droit pénal européen (« fédéral » dirait-on aux USA). Il existe des directives articulant les droits civils nationaux, par intégration dans le droit communautaire des conventions dites Rome 1 et Rome 2. Mais l'idée que l'on puisse fixer des barèmes de punitions (le « pénal ») et pas seulement de réparation (le « civil ») n'existait pas en droit européen. Elle n'a été évoquée pour la première fois que pas le TCE (article III-271, une des « pépites » du traité » qui a été rejeté), et se retrouve dans le traité de Lisbonne qui n'est pas encore adopté. C'est donc en forçant un peu les traités actuels que la Commission, approuvée par le Parlement, vient d'adopter une directive pénale.
Oh ! N'exagérons rien, une directive n'est qu'une directive, c'est-à-dire qu'elle doit encore être transposée dans le droit national de chacun de États.
Mais ce qui est nouveau, c'est que la directive fixe la liste des législations d'origine européenne dont la violation doit avoir, État par État, des sanctions pénales, et charge la Commission de coordonner le barème des peines pour qu'elles soient « dissuasives » dans tous les États.
Le deuxième point très significatif est que, pour initier ce droit pénal européen, on commence par l'environnement. La directive donne en annexe la liste impressionnante des législations d'origine européennes portant sur la défense de l'environnement (on en rajoute d'ailleurs cette semaine à propos du mercure, du démantèlement des bateaux etc), directives qui théoriquement doivent depuis des années s'appliquer dans tous les pays. Et elle exige - ce qui n'est pas le cas aujourd'hui - que pour tous le manquements, par action ou par omission, à ces directives, un barème de sanctions pénales soit fixé.
J'ai été jadis rapporteur de la directive sur les responsabilités civiles des entreprises en matière d'environnement. Je suis persuadé que la voie des réparations civiles peut être dissuasive, surtout si elle est accompagnée d'une généralisation de l'action de groupe de victimes (class action) ; Mais le fait que l'on adjoigne au droit des victimes un devoir (pour l'État) de poursuivre les fautifs ne peut que renforcer le respect de l'environnement."
Si vous êtes intéressé par ce sujet, veuillez me contacter sur: AlainAlpern@gmail.com pour éventuellement envisager une réunion de travail avec Alain Lipietz.

mercredi 21 mai 2008

Une histoire extraordinaire

Lue dans Libération, cette histoire qui vaut celle de la liste de Schindler!
Irena Sendler, le dernier souffle d’une Juste polonaise
De notre correspondante à Varsovie MAJA ZOLTOWSKA
QUOTIDIEN : mardi 13 mai 2008

Elle en parle comme de sa «troisième mère». «La première, ma mère biologique, était juive ; la seconde, celle qui m’a adoptée, aimée et élevée, polonaise ; mais celle qui m’a sauvé, c’est elle, Irena Sendler», raconte Elzbieta Ficowska, un des 2 500 enfants juifs sauvés du ghetto de Varsovie grâce à cette Polonaise qui est morte hier à l’âge de 98 ans. A six mois, Elzbieta Ficowska a été sortie de l’enfer dans un petit coffre en bois, cachée sur une charrette transportant des briques. Cet été 1942, les Allemands s’apprêtent à liquider le ghetto où, sur 4 km2, près de 500 000 Juifs de Varsovie et de ses environs avaient été entassés. De l’autre côté du mur, Irena Sendler et ses assistantes, engagées dans le mouvement de résistance Zegota (Conseil d’aide aux Juifs), organisent l’assistance aux familles juives. «A côté de ceux qui les sauvaient, il y avait ceux qui les dénonçaient. Les Polonais n’étaient ni meilleurs ni pires que d’autres nations», souligne Ficowska.
Héroïque. Connaissant les chances de survie minimes des adultes, Irena Sendler tente de sauver au moins les enfants. Son père médecin lui avait enseigné le devoir «d’aider ceux qui se noient» et appris à «distinguer les hommes seulement entre bons et mauvais, jamais selon leur religion ou leur nationalité». «Quand je proposais aux familles de sauver leur enfant, les réactions étaient tragiques, a-t-elle écrit. Les mères n’imaginaient point de se séparer de leur enfant, préférant mourir ensemble. Celles qui ont pris cette décision ont fait preuve du plus grand héroïsme.» «Ma mère biologique a justement décidé de me donner cette chance. C’était une décision héroïque et tout à fait consciente», dit Elzbieta Ficowska. Elle n’a aucune photo de sa mère. Juste une petite cuillère en argent, gravée de son diminutif et de sa date de naissance, que sa mère avait mise dans le coffre. «C’est la cuillère du bonheur et elle m’a en effet porté bonheur toute ma vie», dit-elle.
Après avoir reçu des calmants, les enfants en bas âges étaient cachés dans des valises ou des coffres. Les plus grands passaient avec un guide par les égouts ou les caves de maisons voisinant le ghetto… Seuls les jeunes de plus de 16 ans rejoignaient le maquis. «Avant de placer un enfant dans une famille ou un couvent, il fallait bien nous préparer à nous comporter comme des Polonais catholiques. Il fallait apprendre nos nouveaux nom et prénom mais aussi le Pater Noster en polonais ou le signe de croix», explique Elzbieta Ficowska.
Irena Sendler archivait minutieusement tous les noms des enfants et des familles sur des papiers qu’elle enterrait. Arrêtée par la gestapo en octobre 1943 et torturée, elle ne parle pas. Après la guerre, elle remet les noms des enfants à Adolf Berman, le président du Comité central des Juifs en Pologne. Les enfants vivent de nouveaux drames. Peu retrouvent leurs parents, certains sont récupérés par des membres de famille éloignés. Ils doivent quitter les familles adoptives qui les ont aimés et qu’ils ont commencé à aimer. Beaucoup émigrent en Palestine. «Il y a sûrement encore quelque part en Pologne des enfants qui n’ont jamais su leur vraie histoire», dit Ficowska, qui préside l’association des Enfants de l’Holocauste.
Peu connue. Longtemps Irena Sendler, qui a reçu en 1965 le titre de Juste parmi les Nations décerné par le Mémorial israélien de l’Holocauste à Yad Vashem, est restée peu connue en Pologne. Ceux qui avaient sauvé des Juifs n’étaient pas bien vus à l’époque communiste, surtout au moment des purges antisémites de 1968. Ces dernières années, la Pologne a donc voulu rattraper ce retard et le Sénat lui a rendu un hommage solennel. Le pays veut montrer au monde qu’il ne se réduit pas au pogrom de Jedwabne, où des Juifs furent brûlés par leurs voisins polonais. Au Mémorial de Yad Vashem, 6 005 Polonais ont leur arbres, sur un total de 21 758, faisant de la Pologne le pays le plus représenté.

Nicolas, François et Xavier

Le Président convoqua son Premier Ministre ;
De suite, le tança de façon sinistre :
Comment peux-tu , ainsi, jouer contre moi
Alors que, c’est clair, ton poste tu me le dois ?
Je pense qu’entre toi et Xavier Bertrand
Je vais devoir choisir et tu le sais, pourtant,
De toi, François, je ne crains pas vraiment grand chose…

Mais il faut bien que, contre la vague rose,
J’anticipe et, des deux, le mieux placé
Tu n’es pas. Depuis un an, pas un seul succès !
Or, il n’en est pas de même avec Xavier
Qui, lui, sans cesse, lutte pied à pied.
Vois comme il a jugulé les syndicats !

Pour cette raison, je dois en faire grand cas,
D’autant plus qu’à l’UMP, je dois virer Devedjan
Que, je le sais bien, tu préfères à Bertrand.
Pour cela, je n’irai donc pas par quatre chemins ;
Et, surtout, avec moi, ne joue pas au plus fin !

Comme chef de gouvernement, je te garderai.
Au parti, je promouvrai le ténébreux Xavier.
Mais moi, tant que je serai Président, il n’est pas question
Que je vous laisse prospérer dans vos ambitions

Du local à l'international (2)

2- National


- L'Assemblée Nationale a voté hier le projet de loi sur les OGM, et le Sénat va confirmer. Au delà du fond, il s'agit là d'un véritable déni de démocratie: écrasante majorité des Français contre; texte représenté à l'identique après avoir été rejeté la semaine précédente; aucun débat ni national (on aurait pu imaginer un vrai exercice de vraie démocratie participative...), ni dans les Assemblées; texte en contradiction avec les conclusions du Grenelle..
Voir, sur ce sujet des OGM, mes textes des 16/1,22/1,13/3, 14/3, 20/3, 29/4

Question: Quelle sera la responsabilité de ceux qui ont voté ce texte, si on découvre, dans quelques années, la nocivité irréversible des OGM? Vous avez dit "crime contre l'Humanité"? Ce serait le plus grand, puisqu'il concernerait TOUTE l'Humanité!




- Ainsi le Président a noyé le poisson (sans allusion au mouvement des pêcheurs...) des problèmes de fond de l'enseignement, en faisant de la démagogie sur un sujet sensible chez les Français: le service minimum, à mettre en place par les collectivités locales. Une nouvelle fois, il s'agit d'un coup de force (y aura-t-il, cette fois, marche arrière?): les collectivités ont toujours été protégées par le principe de "libre administration", qui veut qu'elles exercent leurs compétences (ici les écoles) librement.




- Le Gouvernement vient de refuser toute discussion sur une réforme du Sénat ("anomalie parmi les démocraties"disait L. Jospin), que même De Gaulle voulait changer (il a même quitté sa fonction, parce qu'il avait perdu le référendum sur ce thème)! A ce sujet, voir l'excellent rapport, sur le site du Sénat (http://www.assemblee-nationale.fr/13/rapports/r0884.asp) du rapporteur Bernard Roman.


Ce qui est choquant, c'est que, parallèlement, les services du Ministère de l'Intérieur préparent, sans transparence, une réforme du mode de scrutin législatif (rappelez-vous les découpages Pasqua...) et régional, ce dernier récemment modifié (mais depuis la gauche a emporté 20 régions sur 22!)


A quand une réforme du scrutin municipal, pour ne pas réitérer la récente défaite de la droite?




- Ségolène Royal s'est déclarée candidate au poste de Secrétaire du PS. Que vaut-il mieux pour ce dernier? Choisir dès maintenant, à ce Secrétariat, le candidat de la Présidentielle de 2012 (Comme Mitterand en 1974 et Jospin en 1995) , ou désigner quelqu'un qui ne pourrait être ce candidat (exemple: F.Hollande), au risque de voir son autorité bafouée par le "combat des chefs"?


Dans les 2 cas, j'ai bien peur que ce sujet ne prenne le pas sur les questions de fond: quelle gauche, quelles valeurs, quel programme, etc...




3- International




- Combien paraissent futiles tous nos débats, en comparaison des catastrophes birmane et chinoise!


Les changements climatiques n'auraient pas comme conséquence une augmentation du nombre des catastrophes naturelles, mais de leur intensité.


Je rappelle que l'on s'attend avant 2050, à l'émigration de centaines de millions de réfugiés climatiques, chassés par les menaces de submersion des terres, de cyclones et autres tsunamis...


Que faisons-nous pour anticiper? Et, plus généralement, que faisons-nous pour que le Nord, regorgeant de richesses, partage avec le Sud, s'enfonçant de plus en plus dans la misère?


Ce sujet, parmi tant d'autres (je pense par exemple au droit d'ingérence), mériterait une "gouvernance" mondiale, au-delà de l'ONU.




- La Norvège ayant atteint le plein emploi et manquant de travailleurs, ouvre ses portes à l'immigration...


La France, pendant ce temps, ne trouvant plus de travailleurs pour certaines activités, dites "en tension" (bâtiment, restauration...) ne régularise qu'au compte-gouttes ceux qui travaillent depuis des années en France, dans l'illégalité (ainsi, une soixantaine de dossiers, seulement, sur un millier de demandes de régularisation de "sans-papiers" auraient été acceptés). Mieux même, le gouvernement s'est fixé un objectif de renvoyer, chaque année, 25 000 "clandestins", hors de France: mais le Ministre Hortefeux risque, pour la seconde année consécutive, de rater ses objectifs, et dans le cadre de l'évaluation des politiques de ses Ministres, son ami Président pourrait le sanctionner! (Vous me direz que d'autres ministres ont du souci à se faire: Boutin, Woerth, Darcos, Lagarde, Barnier, Bachelot, par exemple!)


Quand on pense que, dès aujourd'hui, l'on sait que l'on aura besoin, à court terme, d'immigrés pour remplacer les "babyboomers" de l'immédiate après-guerre, partant en retraite: depuis 2005, ce phénomène a débuté, mais n'est pas encore source de tension, parce qu'il permet de dégonfler le chômage existant. En attendant le solde migratoire de la France serait un des plus faibles des pays occidentaux!


Quand aurons-nous une politique d'immigation responsable? Quand serons-nous capables de nous libérer de cette obsession sécuritaire, imposée par la "lepénisation des esprits" et magistralement (?) instrumentée et entretenue par le Président de la République?

lundi 19 mai 2008

Du local à l'international (1)

1- Le local


- A la surprise générale (?), Jean-Pierre Corbisez est devenu Président de la Communauté d'Agglo Hénin-Carvin. Il devrait apporter du sang neuf à une collectivité au potentiel extraordinaire. Je sais qu'il est sensible au développement durable, et on attend beaucoup de lui.

J'espère qu'il se saisira également du dossier Louvre-Lens...

Mais cette attente est conditionnée aux décisions qu'il prendra sur son nombre de mandats trop important: en effet, il est également maire de Oignies, Vice-Président du Conseil Général, et il préside ou vice-préside un certain nombre d'autres structures...


- Avec ma collègue, conseillère régionale, Stella Duneufjardin, enseignante d'allemand, nous mettons en place, dans son lycée, Pasteur à Hénin, un projet enthousiasmant de travail en commun avec un lycée de Karlsruhe, sur le devoir de mémoire: il s'agit d'étudier l'histoire de la communauté juive de cette ville, d'hier à aujourd'hui, en partant de l'exemple d'une famille (la mienne).


- Lens en 2ème division! C'est vrai que supporter (comme je le suis) ou pas, nous en avons pris un sacré coup au moral, samedi soir. Mais tout cela était écrit depuis longtemps tant l'équipe paraissait faible: à part Runje, Hilton et Dindane, le niveau était désespérant, et ce ne sont pas Monterrubio et Carrière, trentenaires avancés, qui pouvaient changer les choses, malgré de beaux restes. Guy Roux confiait, il y a quelques jours, à Daniel Percheron, qu'il ne s'était pas senti la force de conduire une équipe aussi faible. Certes le moral et l'économie locale s'en ressentiront, mais relativisons, quand on voit les catastrophes en Birmanie et en Chine...


- Les Jeux Olympiques auront lieu à Londres en 2012 et je suis frappé par l'optimisme dans notre région de ceux qui en attendent des retombées importantes, au niveau sportif. En effet, beaucoup espèrent que des équipes viendront s'entraîner dans notre Région, vu la proximité de l'Angleterre. Si certaines collectivités ont des installations de qualité (comme Hénin pour l'escrime), d'autres envisagent d'investir à cette occasion. Certes, comme pour la Coupe du Monde de football, en 1998 (10 ans déjà!), c'est une bonne occasion de renouveler ou de construire des équipements. J'avoue être sceptique sur cet engouement multipolaire: au CREPS de Wattignies, par exemple (dont je suis membre du Conseil d'Administration), c'est même un axe stratégique fixé par le Président!


Du pain et des jeux (panem et circenses), disait-on à Rome, et le peuple sera content...
A suivre...

mercredi 14 mai 2008

Mai 68, c'était hier (suite et fin)

Comment avez-vous vécu mai 68?


AA: 2 anecdotes, pour bien montrer que quand on habitait en province, on pouvait être concerné, tout en continuant à vivre...sa vie


- Alors que les facultés de sciences humaines, à Lille, commencèrent à bouger très tôt (même avant la fermeture de la Sorbonne), il n'en était pas de même en droit, où le plus grand conservatisme régnait. Certes quelques étudiants essayaient bien de nous réveiller, mais personne ne bougeait vraiment, même si la majorité des "juristes" suivaient de près les évènements, par transistors interposés.

J'avais comme professeur de droit commercial, l'ex-ministre de la justice Jean Foyer. Il n'était venu pendant l'année que 2 ou 3 fois faire cours! Mais le lendemain de la première nuit des barricades, il est arrivé et a commencé par vitupérer contre les étudiants parisiens et il a déclenché un tel vacarme qu'il a du quitter l'amphithéâtre, car il ne parvenait plus à se faire entendre. Ce fut alors le signal de ralliement au mouvement: AG sans discontinuer, discours et votes passionnés, grève des cours, report des examens... Ma première révolte!


- J'étais à l'époque bridgeur, et courant mai j'étais qualifié pour une finale de championnat de France à Paris. Nous y étant rendus, avec la 2CV de mon partenaire, un week-end, nous eûmes la désagréable surprise, pour le retour, de ne plus trouver d'essence! Qu'à cela ne tienne! Le frère de l'amie de mon partenaire travaillait au siège social de chez...Marcel Dassault: non seulement nous y fûmes ravitaillés en carburant, mais nous trouvâmes dans le frigo personnel de l'avionneur, caviar et champagne! Mon côté bourgeois, quoi!


Mai 68 fut-il important?


AA: Sans conteste possible! Nier la rupture que les évènements provoquèrent ne peut être que suspect de méconnaissance ou de malfaisance politicarde.

Certes la pillule, le yéyé et les Beatles, les manifs contre la guerre au Vietnam, des mouvements

nouveaux de contestation de l'ordre établi (je pense à l'anti-psychiatrie, par exemple) annonçaient déjà cette rupture et, ce, dès le début des années 60.

Quand je mesure combien, presque du jour au lendemain, ont changé les rapports entre parents et enfants, maîtres et élèves, patrons et salariés, gouvernants et gouvernés, il crève les yeux que plus rien ne fut comme avant. Les générations post-soixante-huitardes doivent avoir du mal à imaginer la non-communication qui pouvaient exister entre, ce que l'on doit bien appeler, aujourd'hui, a-postériori, dominants et dominés.

Et bien entendu, je ne parle pas des conquêtes sociales importantes qui furent arrachées, de haute lutte!

Certes, il y eut quelques excès (mais pas de mort, ni de blessé grave), quelques slogans caricaturaux, mais symboliques ("Il est interdit d'interdire").


Rien ne fut plus comme avant! Et ceux qui le nient sont des nostalgiques de l'ordre ancien: pas uniquement de celui de l'Ancien Régime, mais aussi de Vichy. A l'époque je pensais que nous en avions fini avec les zélateurs du "Travail, famille, patrie". J'ai bien peur que cela ne soit pas le cas et que la vigilance s'impose toujours!


Et en ce qui vous concerne personnellement?


AA: J'avais déjà, bien avant 68, une conscience politique. Mais c'est la maturation des années 70 qui m'a permis de toujours remettre en cause les certitudes du moment, de lutter contre les préjugés et les injustices, d'être tolérant et exigeant à la fois.

Je dirais que je suis devenu humaniste, grâce à mai 68

vendredi 9 mai 2008

De la Révolution à la recherche de la Vérité

Mercredi soir, Arte diffusait un reportage sur la vie de Benny Lévy "La révolution impossible".


Qui était Benny Lévy, mort en 2003, à 58 ans, à Jérusalem?

Né au Caire, d'où sa famille, juive, installée depuis très longtemps, est chassée, en 1956, il réside en Belgique, puis en France pour faire Normal Sup' (il devint agrégé de philosophie) . Il inspire alors un mouvement maoïste et est un des leaders de mai 68 (il fut toujours très discret; en 68, probablement parce qu'il était apatride).


La Gauche Prolétarienne (GP), maoïste, est créée avec une poignée de militants. Son objectif: préparer la Révolution, sur le terrain, auprès des travailleurs. Ce ne sont pas les élites qui calquent leurs théories pour encadrer les masses, mais bien ces dernières, par leur action sur le terrain, qui montrent le chemin.


La GP est présente chez Renault quand est assassiné, par des vigiles, Pierre Overney, un de ses militants; et chez Lipp (les montres), mais passivement. Ces 2 évènements, ainsi que le massacre d'athlètes israëliens par un commando palestinien, en 1972, à Munich lors des Jeux Olympiques , convainquent Benny Lévy (alias Pierre Victor, à cette époque), d'auto-dissoudre la GP: Lipp illustre bien que les travailleurs n'ont pas besoin d'une élite pour leur montrer la voie et l'action de Septembre Noir à Munich est désavouée, alors que la GP, jusque là, soutenait les Palestiniens.
Cette auto-dissolution, que beaucoup de militants ne souhaitaient pas, a permis à la France d'éviter les dérives violentes des gauchistes italiens, allemands et japonais.
Je passe sur les années suivantes au cours desquelles il devint le secrétaire, le confident de Sartre avec qui il écrivit des livres. Vous trouverez tout cela en podcastant l'émission, ou par Google.(il fut notamment un des créateurs du Journal "Libération")
Je voudrais plutôt insister sur l'extraordinaire suite de cette vie passionnante. B.Lévy acquit l'idée que toute révolution est impossible, parce que l'action politique est "vaine" (mais pas inutile), et que la seule solution pour transformer le monde se trouve depuis longtemps dans ...les textes sacrés que sont la Torah (Ancien Testament) et le Talmud (somme des interprétations de la Torah par les rabbins), sans oublier l'étude de la Kabbale!
Dans les années 80, après avoir eu cette révélation auprès du grand philosophe Emmanuel Lévinas, il apprend l'hébreu, fréquente la yechiva (école talmudique) de Strasbourg, en compagnie de certains amis ex-maoïstes (non juifs, d'ailleurs), puis part à Jérusalem où il s'établit, revenant en France, de temps en temps , pour professer, et crée en Israël un institut des études lévinassiennes. Il est encore aujourd'hui une référence, non seulement en France et en Israël, mais également dans les milieux philosophiques ( et révolutionnaires...) internationaux.
Au travers de cette pensée et de cette vie hors du commun (il s'opposait au titre d'un article sur lui "De Mao à Moïse", en disant plutöt "De Moïse à Mao", puisqu'il était né en Egypte!), je retiens 2 éléments de réflexion:
- le rôle de la politique: de par ses limites (gestion plutôt que révolution, ou même réformisme), de par l'ambigüité humaine (goût du pouvoir, violence...), elle n'est peut-être pas la voie de transformation de l'Homme et de la Société.
- la perfectibilité de l'Homme: comment vivre dans une Société fraternelle? L'altérité trouve-t-elle ses sources dans les textes sacrés? La transcendance est-elle nécessaire? La Vérité est-elle dans le coeur des Hommes ou dans un Être suprême?
La recherche de cette Vérité ne serait-elle pas la voie nécessaire à l'amélioration de l'Homme et de la Société?

jeudi 8 mai 2008

Mai 68, c'était hier...

Tout d'abord, quelques excuses d'avoir laissé ce blog sans intervention depuis le 29/4, mais les ordinateurs ont aussi leurs faiblesses et n'ont cure des engagements pris d'écrire 2 fois par semaine...

D'autre part, ce blog continuera à parler de sujets locaux et régionaux, mais également de thèmes qui nous intéressent tous en tant que citoyens français et habitants de la planète. La Voix du Nord relevait récemment que je me consacrais dorénavant, sur mon blog, à la politique nationale. Râté! Depuis le 17 mars, lendemain du 2ème tour des municipales, j'ai abordé 7 thèmes touchant notre territoire héninois ou régional, sur 14 sujets au total!
  • Les médias sont très prolixes aujourd'hui sur mai 68, et ceux qui ont vécu cette période sont régulièrement interrogés sur ce qu'ils ont fait à cette époque ou ce qu'ils en pensent. Ce fut mon cas, l'an dernier, pour un journal estudiantin (à diffusion confidentielle), et je me permets de vous restituer cet interview.


Que faisiez-vous en mai 1968?



  • AA: J'étais étudiant à Lille, en droit


Comment vous situiez-vous, politiquement?



  • AA: Issu d'une famille bourgeoise, ouverte et laïque, j'étais effrayé par De Gaulle, l'homme politique: la présidentialisation du régime et l'affaiblissement du Parlement me rappelaient trop les expériences allemande, italienne et espagnole des années 30. Heureusement, De Gaulle et ses successeurs n'ont jamais utilisé ces pouvoirs exhorbitants ( quand on pense à l'article 16 de la Constitution, il y a de quoi frémir!) : crédit leur soit donné...

Mes études (sciences politiques et droit) m'avaient enfermé dans un carcan conservateur, mais, dès cette époque, j'étais fortement indigné par toutes les formes d'injustices.
En d'autres termes, mon moule culturel ne me portait pas vers le gauchisme et, vu d'aujourd'hui, j'étais plutôt centre gauche. En effet, j'avais beaucoup lu sur Marx et Jaurès, et cela retentissait fortement à mes oreilles. D'autant plus que Sartre et Camus m'avaient particulièrement conquis alors que je trouvais Raymond Aron très réactionnaire.

Je rappelle, en outre, que l'influence de Marcuse était alors très forte: sa critique de la société était pour beaucoup de jeunes de l'époque une révélation et je ne suis pas sûr que l'on ait bien mesuré l'importance de cet écrivain étatsunien sur les évènements de 68, en France et à l'étranger. Par contre, je suis passé complètement à côté d'Illitch et Gorz que je ne découvris que bien plus tard. Quant à Jacques Ellul, professeur de droit, il avait attiré mon attention, mais j'avais complètement "zappé" son rôle de précurseur de l'écologie politique!

Bref, je devais plutôt être SFIO d'esprit, bien qu'aux élections législatives de juin 1968, raz de marée gaulliste s'il en fût, j'avais voté, la majorité étant alors à 21 ans, à Béthune, pour le candidat communiste, figure locale et brave homme, plutôt que pour le candidat gaulliste parachuté quelques jours avant les élections et qui, pourtant, l'emporta facilement...
A suivre