mardi 30 septembre 2008

Le Louvre-Lens (3ème partie)


3- Le Louvre-Lens, une dynamique régionale

Comme l’a joliment dit Ivan Renar, Président de l’Orchestre national, le LL est " une arme de construction massive ".

A- Je rappelle que, sur le Lensois, la construction du LL aura des impacts sur l’emploi, non seulement au Louvre même, mais également au niveau touristique ( hôtellerie, restauration…), et aussi au niveau urbanistique ( requalification des abords de la gare de Lens, travaux de rénovation urbaine…). Mais le plus important réside dans le changement d’image de notre région (le film de Dany Boon l’a déjà illustré : nous sommes la seule région française ayant vu le nombre de touristes augmenter, cette année !) et dans le regain de confiance des habitants en leur avenir.

Pour mémoire, le secteur de l’ex-Bassin Minier mise sur 4 atouts pour son attractivité :

- le sport : Bollaert est un stade multifonctions (séminaires, congrès, spectacles, outre le foot) ; le stade couvert de Liévin attire des sportifs et des compétitions du monde entier;

- les Chemins de la Mémoire : de nombreux sites et monuments rappellent la 1ère guerre mondiale . 33 cimetières militaires, représentant les nationalités des différents combattants, perpétuent le souvenir des milliers de soldats morts au combat dans l’attaque de la colline de Lorette, au cours de la bataille de Loos ou dans l’assaut de la crête de Vimy. Des dizaines de milliers de descendants de ces soldats viennent s’y recueillir régulièrement. Et c’est toujours avec étonnement et émotion que l’on rencontre, chez nous, des Néo-Zélandais, des Australiens ou des Canadiens…

- le patrimoine minier est également une richesse touristique qui commence à être bien structurée, et nul doute que son classement au Patrimoine mondial de l’Unesco, au titre de " paysage culturel évolutif ", aura un impact fort;

- le Louvre qui devrait donc être l’élément supplémentaire et de taille de cette offre.

B- Evidemment le développement touristique devra être pensé dans une optique régionale.
La proximité de destinations culturelles comme Arras, Douai ou Lille est, à cet égard, un point fort. Lille est devenue une ville événementielle (Lille 2004, Lille 3000 en 2007, renouvelée en 2009). Des synergies devront être également trouvées avec les autres villes majeures de " l’arc sud " : Saint-Omer, Béthune, voire Valenciennes,( où sont nés Carpeaux, Watteau… Cambrai : ville d’art et Le Cateau-Cambrésis : musée Matisse), comme avec la Côte d’Opale, principale destination touristique aujourd’hui du Pas-de-Calais
Le Val-Joly (zone de détente et de loisirs, dans un environnement particulièrement choyé) se révèle pour ses débuts un succès prometteur, au sein d’un merveilleux Avesnois.
Le circuit touristique devra également s’intégrer à ceux, déjà existants, de la Flandre (villes d’art et côte belge) et de Bruxelles, destinations à forte notoriété
Le Louvre-Lens vient, donc, à point nommé pour parachever la reconversion de notre région, en région touristique et culturelle, tout en restant une région à fort développement économique. Qui l’eût cru, il y a encore 20 ans ?

C- Le regard des autres changent. Notre propre regard doit également évoluer : on a beaucoup parlé des Houillères qui, à travers une prise en charge des habitants (santé, logement, associations) laissèrent pendant longtemps des traces d’assistanat (revendiqué, souvent).

Comme à Bilbao, où le scepticisme était grand, quant à la justification d un investissement, identique au nôtre, nul doute que notre fierté sera la même que celle des Basques, aujourd’hui, tant la ville et la Province espagnole ont fait leur révolution économique, culturelle et urbanistique.

On reproche souvent aux hommes politiques de ne se soucier que de leur réélection et de privilégier les projets à court terme. Alors, pour une fois que des politiques à long terme, avec, évidemment, des investissements conséquents, sont menées, il serait malvenu de leur reprocher cette ambition. Rendez-vous compte que nous vivons une véritable révolution régionale, le mot n’est pas trop fort, reposant sur 4 piliers, liés les uns aux autres :

- le tourisme et la culture, dont je viens de parler abondamment ;

- le développement économique durable, non délocalisable : avec les pôles de compétitivité et d’excellence, dont nous reparlerons, un jour ;

- l’urbanisme durable : beaucoup de collectivités ont compris la nécessité de revoir leurs politiques de logement sur la base des principes du développement durable : haute qualité environnementale, frein à la péri-urbanisation, écoquartiers…Le mouvement va s’accélérer avec la volonté de rénover nos cités minières (65 000 logements) pour en faire de véritables éco-cités. Martine Aubry a également déclaré qu’elle songeait, au sein de la Métropole lilloise, à bâtir une éco-ville ;

- les transports : les différents projets, dont j’ai parlé précédemment (trams, RER, canal Seine-Nord, bateaux à grande vitesse, TERGV, etc), sont indispensables à la réussite des 3 ambitions précédentes.

D- Toute cette formidable effervescence ne débouchera que si les acteurs locaux relaient ces politiques (nous en reparlerons dans une quatrième partie) et que si les habitants s’approprient les projets qui leur sont proposés.
Sur ce dernier point, nul doute qu’il faut répondre à la question de ceux qui émettent des doutes sur l’utilité de l’investissement dans le Louvre-Lens (vous savez, à ce sujet que l’appel d’offres s’est révélé infructueux, aucune entreprise n’acceptant de rester dans l’épure de 127 millions ; un deuxième appel d’offres est en cours, la volonté du Conseil Régional de rester dans l’enveloppe prévisionnelle, a déjà été démontrée pour la construction du nouveau siège de région). Doutes, en fait, sur " l’utilité " de l’art (" les vieilles croûtes " disait un commentaire à la suite d’un précédent article).
J’ai tenté de démontrer comment le Louvre pouvait être un déclencheur d’identité et un levier économique. Il faudrait ici argumenter de l’apport de l’art à l’épanouissement personnel : cela ne se décrète pas, chacun a sa propre sensibilité et ses propres goûts. On peut aimer le cinéma, et pas les arts plastiques. On peut adorer Rubens et exécrer l’art contemporain, de même les admirateurs du gothique ne sont pas forcément les laudateurs de Bach ou de la musique dodécaphonique. Mais avouons que nous aimerions faire partager au plus grand nombre notre amour pour l’art, ne serait-ce que comme refuge aux temples de la consommation et comme rempart contre les excès de la télévision.
C’est le devoir du Louvre et des acteurs locaux (élus, associations…) de s’y atteler.

Quelques vers de Victor Hugo, pour terminer :

L'art, c'est la gloire et la joie.
Dans la tempête il flamboie ;
Il éclaire le ciel bleu.
L'art, splendeur universelle,
Au front du peuple étincelle,
Comme l'astre au front de Dieu.

L'art est un champ magnifique
Qui plaît au cœur pacifique,
Que la cité dit aux bois,
Que l'homme dit à la femme,
Que toutes les voix de l'âme
Chantent en chœur à la fois !

L'art, c'est la pensée humaine
Qui va brisant toute chaîne !
L'art, c'est le doux conquérant !
A lui le Rhin et le Tibre !
Peuple esclave, il te fait libre ;
Peuple libre, il te fait grand !

Victor Hugo
Les Châtiments
L’Art et le Peuple

4 commentaires:

  1. On ne reproche pas l'ambition des élus. On connait leur féroce appétit. 150 millions d'euros pour ce musée, c'est un joli gâteau à se partager. Et l'histoire de l'appel d'offres infructueux, on connaît la musique.

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  2. Je trouve que le développement de Valenciennes est plus judicieux. Dans le bassin minier les élus sont plus lyriques et beaucoup moins efficaces en terme de création d'emplois.

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  3. A jarosetucroc.
    Sans être naïf (j'ai connu certaines turpitudes du système Mellick), je vous trouve bien sombre...si vous avez des informations que vous pourriez me communiquer, merci de me joindre sur: alainalpern@yahoo.fr.


    A anonyme

    C'est vrai que le développement de Valenciennes est impressionnant, et pas uniquement en matière économique!
    Valenciennes a eu la chance d'avoir eu Borloo, d'avoir Riquet comme Maire et Valérie Létart comme Présidente d'agglo. Tous les 3 de droite... comme quoi, au niveau local, la politique peut être quelque fois plus celle des hommes que celle des idéologies. Ne me faîtes surtout pas dire ce que je n'ai pas dit! Je persiste à croire que face au libéralisme effréné, seule une politique sociale, solidaire et écologique peut réduire les inégalités et promouvoir l'épanouissement de chacun...
    A vrai dire, Borloo et Létart sont des centristes sociaux (Valérie L est Secrétaire d'Etat à la solidarité et son travail est remarquable!)
    Quant à Dominique Riquet, je dois dire qu'il me bluffe: je ne comprends pas qu'il soit à l'UMP!

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