dimanche 26 avril 2009

L'activité des eurodéputés passée au crible avant les élections du 7 juin

LE MONDE | 22.04.09


uel est le point commun entre Marine Le Pen, Harlem Désir et Daniel Cohn-Bendit ? Têtes de liste du Front national dans le Nord, des socialistes et des Verts en Ile-de-France, tous trois siègent déjà au Parlement européen. Comme eux, ils sont une bonne trentaine d'élus sortants à figurer en position éligible sur les 72 sièges à pourvoir par la France lors des élections européennes du 7 juin.


Parmi ces eurodéputés, certains sont peu connus. D'autres, comme les socialistes Benoît Hamon ou Vincent Peillon, Marielle de Sarnez, pour le MoDem, ou Philippe de Villiers, du Mouvement pour la France, sont au contraire très en vue. Ces élus mettent souvent en avant leur expérience pour animer une campagne, elle-même lente à démarrer.

Mais leur bilan est des plus contrasté, à en croire une analyse rendue publique mercredi 22 avril par un homme du sérail, Flavien Deltort, ancien assistant parlementaire d'un élu du Parti radical italien, Marco Cappato.

Cette formation proeuropéenne siège au côté du MoDem au sein du groupe des libéraux. Elle réclame davantage de transparence afin d'évaluer les élus européens. Depuis des mois, M. Deltort a consulté les registres de présence, et les procès-verbaux de séances pour établir une compilation riche en enseignements.

Trois grands types de critères sont analysés : la présence en séance plénière, la présence dans les commissions spécialisées et l'engagement de chaque élu - par le biais des rapports parlementaires, des questions écrites et orales, des déclarations écrites, des avis ou des résolutions. "Il ne s'agit pas de faire dans l'antiparlementarisme mais de pointer certaines tendances de fond", indique M. Deltort.

En dépit de certaines limites, que ne manquent pas de souligner les intéressés, l'étude indique que de fortes disparités existent dans le degré d'assiduité et d'activité des eurodéputés français. Autre observation, les têtes de liste retenues en France ne sont pas nécessairement les mieux notées.

A PEINE DOUZE FRANÇAIS

Les élus français affichent des performances très honorables en terme de fréquentation de l'hémicycle strasbourgeois. Les trois quarts des eurodéputés sortants peuvent se prévaloir d'un taux de présence d'au moins 80 % lors des réunions plénières. Plusieurs d'entre eux se font même un devoir de ne rater aucune session mensuelle dans la capitale alsacienne.

La performance est nettement moins flatteuse en ce qui concerne l'engagement dans les commissions, un des lieux où se fait pourtant l'essentiel du travail parlementaire, en amont des votes en plénière. Parmi les 300 députés les plus présents à ce niveau, sur un total de 920 personnes ayant occupé un siège pour une durée plus ou moins longue entre juin 2004 et décembre 2008, l'on compte à peine 12 ressortissants français. Des élus socialistes, UMP, Verts, ou libéraux figurent parmi les plus assidus. Aucun eurosceptique français ne pointe dans les 300 premières places du classement. En comparaison, on y trouve 45 Allemands et 24 Espagnols.

Le constat est aussi des plus mitigés en matière d'activités. Dans ce domaine, les premiers français, comme la chef de file des Verts dans le Nord-Ouest, Hélène Flautre, ou la socialiste Pervenche Berès (numéro deux en Ile-de-France) pointent au-delà de la soixantième place. Mme Berès voisine avec le président français du groupe conservateur (PPE), Joseph Daul (UMP), lui-même tête de liste dans l'Est.

Une trentaine de députés français sortants, dont quelques-uns sont encore en lice le 7 juin, n'ont pas écrit un seul rapport entre juin 2004 et décembre 2008. "Le problème, c'est qu'il est très compliqué de distinguer le quantitatif du qualitatif, observe Marielle de Sarnez (MoDem). Ce n'est pas forcément les dix plus présents qui sont les dix meilleurs parlementaires européens. Mais ce n'est pas obligatoirement les dix derniers non plus."

La méthode de M. Deltort a en effet ses limites. Elle ne prend pas en compte l'importance des rapports rédigés. Elle ignore aussi le rôle, plus discret mais incontournable, des députés coordonnateurs au sein des groupes politiques, ou des contre-rapporteurs sur les projets législatifs en cours d'examen. Elle fait l'impasse sur les fonctions de président de commission ou de groupe.

"Dans un groupe parlementaire, certains assument des responsabilités, d'autres non, indique Harlem Désir, tête de liste PS en Ile-de-France. La présence en commission, c'est très important, mais les présidents de groupe et les vice-présidents n'ont pas le temps de travailler en commission. A l'inverse, le député coordonnateur sur tel ou tel sujet sera très présent en commission mais écrira peu de rapports."


Philippe Ricard (à Bruxelles) avec Marion Brunet et Christine Garin

En France, huit grandes régions électorales

Elections européennes. Elles ont lieu le 7 juin en France (entre le 4 et le 7 juin dans les 27 pays de l'Union européenne).

736 sièges de députés en jeu. 72 pour la France contre 78 dans la législature 2004-2009. La répartition des sièges par pays se fait en fonction de la population. L'Allemagne disposera de 99 élus, l'Italie et le Royaume-Uni, de 72. L'Espagne et la Pologne désignent 50 députés.

Députés français. Ils sont élus à la proportionnelle dans huit grandes régions électorales : l'Ile-de-France (13), le Sud-Est (13), le Sud-Ouest (10), le Nord-Ouest (10), l'Est (9), l'Ouest (9), le Massif central-Centre (5) et l'outre-mer (3).



Commentaires AA:

En cliquant sur le lien, ci-dessous, vous trouverez les résultats des eurodéputés actuels qui se représentent.

Triste bilan pour le FN:

Marine Le Pen est à excuser parce qu'elle ne peut être partout à la fois: Conseillère Régionale Ile de France, conseillère municipale à Hénin (elle y est au moins une fois par semaine, en ce moment), Vice-Présidente du FN, candidate à la succession de son père à la tête du FN, eurodéputée...reconnaissons que ce n'est pas facile...

JM Le Pen ne peut aller siéger que si sa fille y va: d'où la même absence...

Bruno Gollnish: également prétendant à la succession de Monsieur Père; il faut bien marquer Marine "à la culotte"... son absence est un peu moins fréquente, car il lui arrive d'aller en séance parce que de mauvaises langues (sans jeu de mot) lui signalent erronément la présence de Marine...

N'oublions pas de mettre à leur actif leur désintéressement: en effet, s'ils pointaient aux séances plénières, ils percevraient une indemnité de 280 euros par jour et ils en font fi!






L'activité des eurodéputés sortants à nouveau candidats
LEMONDE.FR | 23.04.09

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