jeudi 13 janvier 2011

Certains thèmes développés par le gouvernement et Nicolas Sarkozy légitiment le discours du Front national.

Dans un chat sur LeMonde.fr, Abel Mestre et Caroline Monnot, journalistes au "Monde" estiment que certains thèmes développés par le gouvernement et Nicolas Sarkozy légitiment le discours du Front national.
Pascal : La première question semble évidente, pourquoi le Front national progresse-t-il à droite ?

Il y a semble-t-il une conjonction de deux phénomènes : tout d'abord, l'utilisation par les membres du gouvernement ou par Nicolas Sarkozy de certains thèmes – identité nationale, burqa, séquences sécuritaires de cet été – a légitimé le discours frontiste dans ces mêmes registres.
Ensuite, il y a un effet Marine Le Pen auprès d'une frange de sympathisants UMP qui adoucit l'image du Front national et rend plus aisée une certaine perméabilité.

Mickaël : La question ne devrait-elle pas être dans l'autre sens, pourquoi la droite progresse-t-elle vers le FN ? 

A la faveur de ses résultats aux régionales du printemps dernier, le Front national a retrouvé une visibilité politique. Il a toujours existé par ailleurs au sein de la droite une composante musclée plus ou moins importante.
Le FN est, pour cette composante, un aiguillon. Par ailleurs, la victoire de Nicolas Sarkozy en 2007 avait, entre autre, été obtenue en siphonnant les voix du FN. Il n'est pas exclu que les déçus de droite du sarkozysme lorgnent à nouveau vers cette formation.

Maigret : Quels éléments du discours du Front national sont-ils le plus susceptible de séduire la droite classique?

Selon le baromètre TNS Sofres pour Le Monde, Canal+ et France Inter que nous avons publié aujourd'hui dans Le Monde, les thèmes sur lesquels se retrouvent sympathisants de l'UMP et sympathisants frontistes sont : la défense des valeurs traditionnelles en France, l'insuffisante sévérité de la justice envers la petite délinquance.
Par ailleurs, les thèmes du "trop d'immigrés en France" ou du "trop de droits accordés à l'Islam et au musulmans" recueillent de forts taux d'assentiment auprès des sympathisants UMP.

Greg : La progression du FN ne passe t-elle pas aussi par son institutionnalisation, le FN profitant de la faiblesse des autres partis institutionnels classiques ?

Le FN a toujours su profiter des erreurs ou insuffisances des formations politiques de gouvernement. Pour autant, pour une majorité de l'opinion, il reste une formation de protestation. L'enjeu que s'est fixé Marine Le Pen est de le faire percevoir désormais comme un parti de gouvernement. C'est l'un des buts de la stratégie dite de "dédiabolisation". Il a pour atout de n'avoir jamais exercé de responsabilités gouvernementales et de ne pouvoir donc être jugé sur un bilan.

Laura : Sur quels points les sympathisants de l'UMP et les sympathisants frontistes restent-ils encore en désaccord absolu ?

La sortie de l'euro et la préférence nationale en matière d'emploi demeurent deux thèmes très clivants entre sympathisants UMP et sympathisants du FN.

Nicolas : Votre sondage montre que Marine Le Pen séduit mais ne convainc pas... A-t-elle les moyens de convaincre d'ici à 2012 ?

Les paramètres qui peuvent jouer en sa faveur sont : la crise qui perdure et rend plus audible son discours de lutte contre la mondialisation au nom de la défense des valeurs traditionnelles de la France, une polarisation du débat public sur l'islam.
Au-delà, elle peut espérer convaincre une frange des sympathisants de droite traditionnelle si elle parvient à maintenir le cap de sa stratégie de dédiabolisation après le congrès et si le FN ne bascule pas dans des querelles intestines.

Pauluc : La non-représentation du FN à l'Assemblée nationale n'explique-t-elle pas, en partie, sa poussée électorale, car il peut se contenter de critiquer ?

Il faut faire attention sur la question de la poussée électorale. Si le FN a enregistré de bons scores aux élections régionales, il n'a pas pour autant retrouvé ses plus hauts niveaux. La non-représentation du FN à l'Assemblée est plus un handicap qu'un avantage pour lui : il n'a pas de tribune nationale, il n'intervient donc dans aucun débat d'importance. Il n'a pas de postes à distribuer à d'éventuels transfuges.

Olive : Le discours "social" de FN peut-il mordre sur l'électorat de gauche, PS et Front de gauche ?

Il faut d'abord préciser ce qu'on entend par "électorat de gauche". L'électorat populaire, si c'est votre question, n'est pas automatiquement un électorat de gauche, il peut être un électorat de droite, voire comme on le constate depuis plusieurs années, un non-électorat se réfugiant dans l'abstention. C'est notamment à ce "non-électorat" que s'adresse le discours social du Front. Nous sommes plus dubitatifs sur l'électorat structuré de gauche.

Léon : Le fait que le Front national ait un programme simpliste mais clair et bientôt un ou une candidate pour 2012 n'explique-t-il pas tout simplement sa progression dans les sondages ?

Cela n'explique pas, en soit, la progression mais cela peut rentrer en ligne de compte. En effet, le FN bénéficie en ce moment d'une forte visibilité due au congrès et à la campagne interne pour la succession de Jean-Marie Le Pen.
Dès lundi, il sera en effet la première formation politique à pouvoir rentrer dans la campagne présidentielle 2012, car dotée d'un candidat et d'un programme qui sera aménagé. Cela va lui conférer un petit avantage mais qui, par définition, sera temporaire.

Nicolas : Pensez-vous que Marine Le Pen peut passer le premier tour de l'élection présidentielle en 2012 ?

Nous n'en savons rien, nous sommes encore à plus d'un an de l'échéance présidentielle, c'est à la fois très court et très long ! Ce qui est vrai, c'est que Jean-Marie Le Pen n'a jamais eu de sondages aussi favorables que sa fille à dix-huit mois d'une élection présidentielle.

Matthieu : Qui de Bruno Gollnisch ou de Marine Le Pen pourrait permettre un rapprochement entre les deux partis, UMP et FN ?

Aucun des deux n'envisage aujourd'hui un rapprochement entre le FN et l'UMP, chacun d'entre deux voulant faire imploser la droite pour la recomposer autour d'eux.
Dans notre baromètre, c'est d'ailleurs chez les sympathisants de l'UMP qu'on évoque la question des alliances. Reste que Marine Le Pen passe mieux auprès des sympathisants UMP que Bruno Gollnisch.

Cyril : Pensez-vous qu'une "guerre de pouvoir" au sein du FN, après le départ de Jean-Marie Le Pen, pourrait contrecarrer cette progression des idées du FN dans l'électorat UMP ?

Pour le moment, rien ne nous permet de dire qu'une telle "guerre de pouvoir" pourrait se déclencher, mais il est évident que, si elle a lieu, elle aura un effet repoussoir auprès des sympathisants UMP.

BG : Quelles sont les chances de Bruno Gollnish pour prendre la présidence du FN ?

Elles sont très minces. En effet, il a eu contre lui Jean-Marie Le Pen, président du Front national depuis sa création en 1972, et la quasi totalité de l'appareil frontiste.
Enfin, il n'a pas eu la même couverture médiatique que sa rivale. Cette dernière a eu surtout l'habileté de présenter la compétition interne comme une primaire pour désigner le candidat à la présidentielle et, pour la plupart des militants, Marine Le Pen fait une meilleure candidate que Bruno Gollnisch en 2012.
Chat modéré par Olivier Biffaud

2 commentaires:

  1. J'ai une forte recrudescence de commentaires insultants (majorité et opposition confondus): je censure systématiquement donc évitez de perdre votre temps, sauf...si cela vous fait du bien, mais est-ce vraiment la meilleure façon de faire avancer les choses?

    Je n'ai pas non plus laissé passer un commentaire de 7H24 (sujet: Bonnie and Clyde) réenclenchant une polémique inutile en ce moment de campagne électorale: le climat pourrait être malsain, ce n'est pas la peine d'en rajouter!

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  2. suite des commentaires d'hier mercredi.
    les candidats et les élus du M.R.C ,sont désignés par le " DICTATEUR" de SOUCHEZ.,sans aucune consultation des adhérents ou du bureau départemental.
    et gare à celui qui l'ouvre..
    n'est-ce pas ,monsieur le gourou de l'A.R.

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