lundi 17 janvier 2011

Non, il n'est pas vrai que l'on ne travaille pas assez en France

AA: voilà près de 20 ans que je suis les travaux de Pierre Larrouturou, fervent partisan du partage du temps de travail.
- il est évident pour lui que la réduction du temps de travail est inscrite dans l'histoire. Dans 50 ans on sera à 32 heures, voire à 30 heures. Bien sûr, d'ici là, l'économie aura changé...
- les positions de la droite sur le sujet sont du pur conservatisme, archaïque, anti-économique et nous coûtent très cher.




La charge de Manuel Valls contre les 35 heures ne tient pas compte des faits

Avant d'affirmer qu'il faut " travailler plus ", Manuel Valls a-t-il pris quelques minutes pour essayer de comprendre la révolution qui bouleverse le monde du travail depuis quelques années, en France comme chez nos voisins ?
L'Allemagne a connu, en 2009, une récession deux fois plus grave que la France. A la demande des syndicats, Angela Merkel a décidé de développer le " KurzArbeit " (travail à temps réduit) : plutôt que de licencier 20 % des effectifs, une entreprise en difficulté baisse son temps de travail de 20 % et garde tous les salariés. Elle baisse les salaires mais l'Etat maintient les revenus.

Quand le gouvernement français favorisait les heures supplémentaires, les Allemands réduisaient leur temps de travail. Grâce au KurzArbeit, malgré une récession deux fois plus forte, le chômage a augmenté cinq fois moins vite en Allemagne qu'en France. Si nous avions agi comme nos amis allemands, nous aurions 1 million de chômeurs en moins !
Aux Etats-Unis, le Livre blanc publié par la Maison Blanche, en février 2007, indiquait que la durée moyenne réelle était tombée à 33,7 heures (sans compter les chômeurs). La durée moyenne dans l'industrie était de 40,7 heures mais il y avait, par ailleurs, tellement de petits boulots que la durée moyenne, tous secteurs confondus, était tombée à 33,7 heures. Avant même que commence la récession.
En quarante ans, la durée moyenne du travail aux Etats-Unis est passée de 38,6 à 33,7 heures. Ce chiffre devrait faire réfléchir Manuel Valls et Jean-François Copé : dans un pays qui bénéficiait d'une croissance forte - grâce à une forte immigration et à un niveau d'endettement colossal - et où n'existe quasiment aucune règle en matière de temps de travail : la durée moyenne est tombée à 33,7 heures !

Qu'en est-il en France ? Quelle est, chez nous, la durée moyenne du travail ? Si l'on en croit le Portrait social 2010 de l'Insee, " en 2009, la durée hebdomadaire moyenne du travail déclarée par les personnes ayant un emploi est de 37,8 heures en France métropolitaine : 41 heures pour les personnes à temps complet et 22,8 heures pour celles à temps partiel ". Dans beaucoup d'entreprises, si l'on tient compte des heures supplémentaires, déclarées ou non, la durée réelle d'un temps plein est plus proche aujourd'hui des 40 heures que des 35.
En 1978, quand la commission Giraudet rendait ses conclusions à Raymond Barre, elle affirmait qu'il fallait baisser le temps de travail de 10 %. En 1995, la commission Boissonnat (créée par Edouard Balladur) affirmait qu'il fallait " une baisse de 20 % à 25 % du temps de travail " mais, quinze ans plus tard, la durée moyenne d'un temps plein reste supérieure à 39 heures et un socialiste nous dit qu'il faut travailler plus !

Entre 1900 et 1970, alors que la productivité augmentait assez lentement, on a divisé par deux le temps de travail : on est passé de sept à six jours, puis de six à cinq jours, tout en donnant cinq semaines de congés payés. Mais, depuis 1970, alors que la productivité a fait des pas de géant, nous sommes incapables de faire évoluer vraiment notre contrat social. Certes, dans les entreprises de plus de 20 salariés, on a gagné quelques jours de RTT mais, fondamentalement, la norme d'emploi reste la semaine de cinq jours et le temps plein reste proche de 39 heures. Quel non-sens !
Au lieu de profiter à tous, les gains de productivité colossaux débouchent sur un partage du travail non dit : d'un côté, ceux qui travaillent plein pot et, de l'autre, plus de 3 millions de chômeurs et de RMIstes qui travaillent zéro heure par semaine. Et au milieu, la foule de tous ceux et celles - les femmes sont les plus touchées - qui galèrent avec des emplois à 20 heures par semaine...

Ce " partage du travail " sauvage, réalisé par le marché, est très favorable aux actionnaires : quand il y a autant de chômeurs, quel salarié peut exiger une augmentation de salaire ? Dans beaucoup d'entreprises, la négociation sur les salaires se résume à un " si tu n'es pas content, tu peux aller voir ailleurs ". Dans tous les pays, la part des salaires dans le produit intérieur brut (PIB) a nettement baissé depuis trente ans.
Pour les 15 pays les plus riches de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la part des salaires représentait 67 % du PIB à la fin des années 1970. Elle ne représente plus que 57 %. En trente ans, ce sont quelque 35 000 milliards d'euros qui auraient dû aller aux salariés et qui sont allés vers les actionnaires.

On comprend pourquoi l'aile néolibérale du Medef et de la droite voulaient tellement en finir avec les 35 heures : la forme actuelle du partage du travail et des revenus leur convient très bien.

Nous autres, écologistes, pensons que le débat sur le temps de travail mérite mieux que les caricatures que nous entendons depuis quelques années. Nous n'avons jamais pensé que la RTT était la baguette magique, la solution miracle. Il faut en même temps investir dans une vraie politique du logement, investir dans une vraie politique d'économie d'énergie, développer les énergies renouvelables, construire un service public de la petite enfance, rénover notre fiscalité, investir dans la recherche, développer les PME...

La RTT n'est qu'un levier parmi d'autres mais c'est sans doute le plus puissant ; en 1997, une étude du ministère du travail montrait qu'un mouvement général vers la semaine de quatre jours à la carte, financé essentiellement par une activation des fonds Unedic (l'idée vient de la CFDT), permettrait de créer 1,6 million d'emplois. Quelle autre réforme peut créer plus de 1 million d'emplois ?

Dans le texte sur l'égalité réelle qu'il a adopté en décembre, le Parti socialiste ne dit pas un mot sur la question du temps de travail. L'une des rares mesures annoncées en matière de lutte contre le chômage, ce sont les " dispositifs nouvelle chance pour les 150 000 jeunes sortant du système scolaire sans qualification ". Cent cinquante mille, c'est bien, mais il y a plus de 4 millions de chômeurs et tous ne sont pas jeunes. Tous ne sont pas sans qualification.

La réduction du temps de travail est aujourd'hui le levier le plus puissant dont nous disposons pour sortir du chômage. C'est aussi un révélateur de notre vision de la société : le peuple est-il une masse d'individus un peu stupides auxquels on s'adresse avec des slogans ou le peuple est-il un ensemble d'hommes et de femmes libres, de citoyens capables d'intelligence, capables, ensemble, de comprendre le monde et de choisir en conscience l'avenir qu'ils veulent construire ?

Le seul intérêt des déclarations de Manuel Valls est d'avoir rouvert le débat sur le temps de travail. Alors débattons.


Pierre Larrouturou
Economiste et pilote des Etats généraux de l'emploi organisés par Europe Ecologie - Les Verts
Article paru dans Le Monde
























14 commentaires:

  1. UN MILLION DE CHOMEURS EN MOINS QUI NE COTISENT PAS POUR LES RETRAITES....REFLECHISSEMENT!

    RépondreSupprimer
  2. et les voeux du maire s annoncent grandiose le 30 janvier invitant les amis de gérard et va lancer sa pouline pour mars

    RépondreSupprimer
  3. j espere que m Binaisse et Bouquillon ont reservé un local en mairie pour que leur ami Briois puisse assumer ses nouvelles fonctions dans les meilleures conditions possibles

    RépondreSupprimer
  4. félicitations à facon et pique
    (sans oublier percheron,genisson,mouton,alexandre,kucheida,jenquin),tous complices de dalongeville.grace à vous 5 élus d'hénin beaumont sont dans les 10 premiers de l'organigramme F.N.,grand ami de georges bouquillon,qui ose dire que le f.n. n'est pas un parti fachiste,sans etre repris par la maffia p.s.62.

    1)lepen marion =présidente
    2)briois steve =secrétaire géneral.
    3)bilde bruno
    4)baudrin freddy
    5) brice laurent
    vous etes tous responsable et coupable.vous avez trahi le peuple de gauche.
    chassons les ,lors des élections cantonales et lors des élections pour la députation.

    RépondreSupprimer
  5. Au commentaire de 13H40: c'est pour cela que je tiens à ne plus avoir ce type de message: comme cela les responsabilités sont claires sans avoir à en parler

    RépondreSupprimer
  6. La nomination de plusieurs FN héninois à des responsabilités nationales devraient un peu nous réjouir:leur médiocrité se mêlera à celles de leurs congénères

    D'ailleurs, cette médiocrité n'a d'équivalent que celle des élus AR. Briois maire ce n'est guère mieux que Binaisse, même si ce dernier est plus intelligent semble-t-il, mais il n'est manifestement pas à sa place! Les autres ne volent pas haut, mais sont plus dangereux que les élus AR. Qu'en conclure? Pas d'Ar, ni de FN en 2014 pour retrouver une gestion normale...
    Qui alors pour remplacer ces médiocres? Pas évident: ceux qui se mêlent de politique à HB ne me semblent pas à la hauteur des enjeux. Un renouvellement du personnel politique est obligatoire!

    Z

    RépondreSupprimer
  7. Sur le blog de Pierre Ferrari, on nous promet un réel projet pour le territoire.
    Pouvez vous nous en dire plus? Parce que moi je trouve ça très creux quand même!
    Et avez vous déjà rencontré la suppléante? Elle qui souhaitait faire bouger les choses, elle est absente de toutes manifestations.
    Mauvais début.

    RépondreSupprimer
  8. Il est important de rappeler qu'il ne faut pas mélanger la politique et le boulot . C'est pourquoi poster des commentaires pendant ses heures de travail est interdit !

    RépondreSupprimer
  9. M 206 (Bernard Maréchal)prépare les voeux de bisnaisse à l'espace Mitterrand.Il veut prendre modèle sur GD. Il a la folie des grandeurs. Quand on a pas les moyens on reste simple, et on ne fait pas de tape à l'oeil.Baissez les impôts cela vaudra mieux.

    RépondreSupprimer
  10. Parti pendant quelques mois à l'étranger, j'ai pu continuer à lire ce blog, mais était dans l'impossibilité de vous faire part de mes commentaires. Je me bornerai, cette fois-ci, à quelques remarques de bon sens (je l'espère!)

    Je ne suis pas sûr que toute la majorité municipale soit à mettre dans le même sac, concernant ses relations avec le FN. Bien sûr, il y a ceux qui ont directement collaboré et ils sont à marquer au fer rouge. Mais il est probable que d'autres ont laissé faire ou même, peut-être ignoré, ces coupables relations. Il serait intéressant d'en savoir un peu plus la-dessus: qui était au courant? En parlait-on lors des réunions de tous les militants? Je ne doute pas que les responsables étaient tous au courant. Peut-on disculper E. Binaisse? Il semblerait que P.Piret soit dans cette optique là.

    Il me semble que la ville d'HB manque de femmes et d'hommes politiques de qualité. Je ne dis pas cela pour stipendier les rares qui se distinguent. Mais je ne crois pas que les professions libérales, les enseignants et les cadres s'engagent dans la vie politique héninoise. En 2014, il faudra bien constituer une liste composée de l'opposition non élue, de quelques élus actuels rachetables pour leur conduite, mais cela est insuffisant pour redresser une ville sans projet pendant près de 15 ans. Question importante.

    Est-il envisageable de constituer dès maintenant, pas ce comité de salut public qu'appelle P. Piret, mais une assemblée de citoyens, qui non seulement préparerait ce projet qui fait tellement défaut, mais alimenterait officiellement la majorité actuelle qui sombre de plus en plus. L'aider serait rendre moins douloureuse la reprise des affaires en 2014. Le premier travail pourrait être de monter collectivement cette démocratie participative que vous avez proposée, clé en mains, M. Alpern, juste après les élections. Tout le monde en serait gagnant! Mais est-ce utopique? Reste-t-il des hommes lucides dans la majorité, capables de prendre en compte l'intérêt général?

    Sirius

    RépondreSupprimer
  11. pas d invit pour les voeux de tartine17 janvier 2011 à 18:36

    bizeness dimanche pas présent à la marche blanche et pas présent ce lundi à l enterrement j oublie martine n aime pas trop notre maire lui affirme le contraire un mensonge de plus

    RépondreSupprimer
  12. j'avais la ferme intention de ne plus aborder le sujet de l'ods, mais je tiens à vous faire part de mon interrogation la plus sceptique.

    un club qui obtient le maximum dans son "appel à projet" par exemple....
    s'il obtient dirons nous env 15.000 euros de subventions municipales : est ce à dire que son projet nécessite des dépenses à hauteur de cette subvention obtenue( avec devis effectués ou attestation sur l'honneur du président )???
    ou alors estime-t-on que :
    "ahhh oui, c'est un bon projeeeet!!-extase-,cette association rentre bien dans le moule, on lui donne le maximum ,d'autant que ca tombe bien elle est trèèès amie avec mes nouveaux amis..."

    personne ne songe à aller fureter par là bas??? ......

    RépondreSupprimer
  13. Les 35 heures, je peux en parler aisément. Dans la CFDT des années 70,c'était déjà notre revendication; il y avait aussi "vivre et travailler au pays".
    Sont venues les nouveaux enjeux du capitalisme mondial: la CFDT y a consacré un congrès, je vous invite à lire ses prises de position, elles sont toujours d'actualité.
    Vrai: la CFDT(premier syndicat en nombre d'adhérents),s'est coupée de la CGT.
    Aujourd'hui, les dirigeants de la CGT tentent de réformer leur organisation. Les sections CGT d'entreprise sont d'ailleurs les premières signataires des accords
    .Elles restent fermes, comme celles de la CFDT.
    Le syndicalisme, relais des appareils politiques est fini.
    >Le syndicalisme doit porter ses propres projets, même sociétaux: c'est aux politiques de s'en nourrir.
    L'Allemagne, dirigée par la droite ,continue de privilégier la négociation avec les partenaires sociaux.
    Jean-Eric

    RépondreSupprimer
  14. Anonyme de 16H51

    Sans vouloir anticiper ce qui paraitra sur le blog Ferrari 2011, il y quelques remarques nécessaires:
    - le conseiller général ne peut pas avoir de programme, sauf celui de son parti, plus départemental que local.
    - il ne faut pas faire de promesse précise qui ne sera pas tenue, parce que le décideur est à Arras.
    Par contre, il faut faire remonter les besoins du territoire en accord avec les élus et les habitants...
    - je pense qu'en dehors de ces besoins à préciser et qui évolueront pendant le mandat, il y a des engagements à tenir, dont le principal est la présence auprès des habitants. Vous savez que le conseiller sortant n'était plus beaucoup sur le terrain. Il a repris il y a un an ses permanences de façon régulière(1h par mois à HB, 2 h à Montigny!)
    Si on ajoute que les problèmes principaux qui doivent faire partie des engagements d'un conseiller général, sont la jeunesse, la santé, l'insécurité, le développement durable, que, d'autre part, il doit participer activement aux projets Tramway et Louvre-Lens, on aura une grande partie de ce projet de territoire...

    A 18H36

    Je pense que se rendre à Linselles ne fait pas partie des obligations du maire d'HB et personnellement, je ne lui reprocherai pas de ne pas s'y être rendu!

    RépondreSupprimer