mercredi 30 mars 2011

Le FN est-il devenu un parti comme les autres? Le Monde 30/3/2011

A en croire un sondage BVA publié lundi 28 mars dans Les Echos, une majorité de Français (52 %) estiment désormais que le Front national " devrait être considéré comme un parti comme les autres ". Soit dix points de plus qu'en septembre 2010 (42 %).

Entre-temps, le FN a changé de visage. Marine Le Pen a accédé à la tête du parti, a affiché sa volonté de rompre avec " les nostalgiques bottés et casqués, la matraque à la main ", et a soigneusement évacué les marqueurs traditionnels de l'extrême droite du discours frontiste. Désormais sont mis en avant les thèmes de la République, de la démocratie, de la laïcité.

Reste à savoir quel contenu il en est donné. Un changement de discours n'induit pas automatiquement un changement de la nature politique profonde d'un parti.
S'il y a rupture sur des symboles, le FN demeure bel et bien un parti d'extrême droite. C'est d'abord la formation politique, hors groupuscules, située le plus à droite de l'échiquier politique français. Ensuite, si le FN s'est inscrit dès sa fondation dans une optique légaliste - c'est à ce titre qu'il refuse la qualification d'extrémisme -, il diffère néanmoins des autres partis par sa remise en cause assumée de principes constitutionnels fondamentaux.

Rupture sur l'Histoire Contrairement à son père, Marine Le Pen ne relativise aujourd'hui ni l'Occupation ni la Shoah. " Ce qui s'est passé dans les camps (...) est le summum de la barbarie ", a-t-elle déclaré le 3 février dans Le Point. Ce faisant, elle rompt avec un certain héritage : le FN comptait, parmi ses fondateurs, en 1972, un nombre non négligeable d'anciens collaborationnistes. La rhétorique antisémite a disparu des propos publics des nouveaux dirigeants de ce parti, tout comme le recours systématique à la théorie du complot.
Cet abandon, pour important qu'il soit, ne permet cependant pas de faire tomber la qualification d'extrême droite pour le FN. Comme le rappelle le politologue Jean-Yves Camus, " toute l'extrême droite n'a pas été antisémite ou collaborationniste ". L'antisémitisme n'a, en effet, pas été l'apanage de cette seule famille politique. Et l'extrême droite a pu compter dans ses rangs des résistants.

La préférence nationale et le bloc de constitutionnalité " Je ne me satisfais pas que le FN répudie l'antisémitisme dans son expression publique tant qu'il désigne d'autres catégories de la population comme responsables des maux de la France ", ajoute par ailleurs M. Camus.
Au coeur du programme du FN, reste et demeure la préférence nationale, en matière d'embauche, de logement, d'aides sociales, " afin que les Français soient prioritaires chez eux ". Numéro deux du parti et vice-président chargé du projet, Louis Aliot en fait même " un point non négociable ".
Problème : cette proposition est contraire à la Constitution en son principe d'égalité de tous les citoyens ainsi qu'aux dispositions communautaires. " La préférence nationale découle d'une vision ethnique de la nation, fondée sur le droit du sang, relève Sylvain Crépon, sociologue spécialiste du FN. Marine Le Pen a beau essayer de donner un visage humain à la xénophobie, cela reste de la xénophobie. "
En janvier 1998, Catherine Mégret, alors maire FN de Vitrolles (Bouches-du-Rhône) avait créé " une allocation municipale de naissance " qui offrait 5 000 francs de l'époque aux couples " français ou européens " pour " encourager la natalité ". Cette mesure a été cassée par le juge administratif pour inconstitutionnalité. Les dirigeants du FN sont bien conscients de la difficulté légale d'application. Du coup, le bloc de constitutionnalité est perçu comme un verrou à faire sauter.

La démocratie plébiscitaire Qu'il s'agisse de la préférence nationale ou du rétablissement de la peine de mort, le FN récuse ce que M. Aliot nomme " la contestation du pouvoir dans la République par des moyens détournés ". Comprendre, donc, les obstacles constitutionnels et de droit européen.
Pour appliquer leur programme, Marine Le Pen et ses proches misent sur le référendum. Il s'agit d'opposer ainsi la légitimité populaire à celle du juge constitutionnel. Pour Sylvain Crépon, c'est là un vrai marqueur d'extrême droite. " Cette dernière a toujours mis en avant la démocratie plébiscitaire, par défiance envers la représentation électorale. "

Les cadres frontistes Le congrès de Tours n'a pas donné lieu à une scission. L'aile radicale des soutiens de Bruno Gollnisch, issue de L'Œuvre française, groupuscule antisémite et pétainiste, est toujours au FN. Certains - tel Alexandre Gabriac, qui a été suspendu après la publication d'une photo le montrant faisant le salut nazi - ont même été candidats aux cantonales. " En Italie, les fascistes historiques sont partis après le changement d'orientation impulsé par Gianfranco Fini. Tant qu'il n'y a pas clarification, on ne peut pas dire de Marine Le Pen que c'est la "Fini française", ni qualifier le FN de parti national populaire ", note M. Camus.
A différents niveaux, des soutiens de Mme Le Pen jurent avec l'image lissée que la nouvelle présidente du FN veut donner à son parti. Le Front national compte parmi ses cadres des militants de l'extrême droite " dure ".
Ainsi le responsable du FN à Chauny (Aisne), Jean-Jacques Luisetti, revendique sur son profil Facebook comme centres d'intérêts : " La LVF - Légion des volontaires français contre le bolchevisme, créée en 1941 - , Pétain, Degrelle, Jeanne d'Arc, Mein Kampf. " L'une des figures frontistes du département n'est autre que Michelle Dall'Ara, ancienne du Parti national français européen (PNFE), formation néo-nazie active du milieu des années 1980 à la fin des 1990.
Thierry Maillard, le patron du FN à Reims, candidat à Reims-9 lors des cantonales, affiche sur un de ses sites le portrait du collaborationniste Jacques Doriot sous le titre " Grand Jacques, reviens, ils sont devenus fous ! ". Il existe également des radicaux, dans l'entourage proche de Marine Le Pen. Y compris parmi les nouveaux venus, comme Laurent Ozon, influencé de longue date par le Grece (club de pensée ethno-différentialiste, élitiste, antidémocratique et néopaïen). Lequel a pu écrire récemment : " Je ne vois plus de peuple dans cette foule grasse, curieuse et malade. "

Abel Mestre et Caroline Monnot

3 commentaires:

  1. J AI TOUT COMPRIS LA DROITE EST A L EXTREME DROITE ET INVERSEMENT.

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  2. Question à Mr le Maire de Courrières ou son premier adjoint chargé du développement durable :

    Eco-quartier au bois Beghin ?

    À l'occasion de la révision du Plan d'Urbanisme Simplifiée (PLU, ex-POS), une réflexion va être menée sur le bois Beghin, limitrophe avec Harnes, pour y implanter un éco-quartier. Rien de moins. Quinze hectares sont aménageables. Oui mais voilà dans un secteur du bassin minier particulièrement dépourvu d’espaces boisés, la friche du Bois Béghin pourrait constituer un précieux îlot de verdure. Ici la nature a repris ses droits depuis bien longtemps comme en attestent les grands arbres présents sur plus de la moitié du site.
    On en veut pour preuve les différentes tentatives de transformation en zone de loisirs qui n’ont rien d’écologiques et dont le Bois Béghin a été l’objet à la fin des années 90. Des différents équipements installés (karting, paintball,...), il ne reste que le trial sur la principale butte. Son sous-bois est aujourd’hui dévasté.
    Alors quid de la diversité végétale de ce lieu ? Quid des arbres ? Vont-ils avoir le même sort que le petit square en face de l’église, bordé d’une dizaine d’arbustes, aujourd‘hui dévasté par la rénovation entière du parvis de l’église pour faire du stationnement ? Quid de la construction de logements le long du canal de Lens dit "de la Souchez" et de l’aménagement d’une passerelle qui enjamberait la Souchez pour relier le site au centre-ville et aux écoles (accord VNF ?) ?

    Alors va-t-on privilégier la truelle et le parpaing au processus de la photosynthèse ?

    Signée "persona non grata"

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  3. mr Binaisse aurait associé l'ODS à l'organisation des championnats d'europe d'escrime!

    une phrase qui a autant de crédit que d'affirmer qu'Alain Alpern milite au front national...

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