DSK: Lundi 6 juin, une audience préalable essentiellement technique

Dominique Strauss-Kahn retrouvera sa place, lundi 6 juin, devant la cour suprême de l'Etat de New York, au 13e étage du tribunal de Manhattan : entouré par des policiers, accompagné par ses avocats, assis à la gauche du procureur, et face au juge Michael Obus. Celui-ci lui avait accordé, jeudi 19 mai, sa libération sous caution et en résidence surveillée.

Et l'avait prévenu : " Je ne tolérerai pas le moindre écart. J'attends de vous que vous soyez présent à l'audience devant la cour criminelle. J'attends que vous respectiez toutes les garanties auxquelles vous vous êtes engagés. L'argent n'est pas suffisant. J'attends que vous soyez présent quand nous aurons besoin de vous. J'espère que c'est assez clair. "

M. Strauss-Kahn doit répondre de sept charges : " acte sexuel criminel au premier degré " - ce chef d'accusation, qui n'existe pas en France, désigne un viol par fellation ou sodomie. Il a eu lieu deux fois selon le procureur, et est donc compté deux fois ; " tentative de viol au premier degré " ;" agression sexuelle au premier degré " ;" emprisonnement illégal au second degré " ;" attouchements non consentis " et " agression sexuelle au troisième degré ".

Ce 6 juin aura lieu la première audience préalable au procès. La plaignante ne sera pas présente. M. Strauss-Kahn, qui a déjà plaidé non coupable, ne sera pas requis de réitérer sa position. Ni ses avocats, ni le procureur, ni le juge, ne s'exprimeront sur le fond de l'affaire : l'audience préalable du 6 juin est essentiellement technique. Le juge écoute les parties et détermine en fonction de leurs requêtes un calendrier à venir, notamment la date du procès. Jusqu'à son ouverture, M. Strauss-Kahn peut décider de plaider coupable sur l'une ou l'autre des charges dont il est accusé. Il peut alors, si le juge l'accepte, éviter le procès et négocier une peine minorée.

L'un des points généralement discutés à l'audience préalable est l'échange entre les parties des éléments de preuves dont chacune dispose. Le procureur est tenu de les transmettre au fur et à mesure, pour permettre à la partie adverse de préparer sa défense : résultats des analyses ADN, vidéos de l'hôtel, témoignages écrits, etc. De son côté, la défense est obligée de fournir à l'accusation un certain nombre d'éléments. Le juge détermine la nature des preuves à transmettre et fixe une date limite.

Au cours d'une des audiences préliminaires, la défense pourrait demander au juge qu'il soit exclu de faire référence au passé de l'accusé. La réputation de séducteur de M. Strauss-Kahn pourrait s'avérer décisive pour balayer le " doute raisonnable " du jury sur sa culpabilité. La défense ou l'accusation peuvent également demander au juge la délocalisation du procès dans une autre ville de l'Etat de New York, si l'une ou l'autre juge que la médiatisation intense de l'affaire peut gêner la neutralité des jurés.

Jusqu'au procès, la défense ne dévoilera rien de sa stratégie. Les avocats de M. Strauss-Kahn ne rencontreront pas la plaignante avant le procès. Ils échangeront régulièrement avec le procureur, et devant le juge lors d'autres audiences préliminaires.

Marion Van Renterghem (New York, envoyée spéciale)

© Le Monde 5/6/2011