vendredi 30 septembre 2011

" L'impression d'un pays qui se referme sur lui-même "

Alors que la France accorde chaque année entre 60 000 et 70 000 visas à des étudiants étrangers, les jeunes diplômés de juin se retrouvent dans une situation inédite. Depuis la publication d'une circulaire conjointe des ministères de l'intérieur et du travail, le 31 mai, il est devenu très difficile de basculer du statut d'étudiant vers celui de salarié. Et tous ceux qui envisageaient une carrière professionnelle en France se voient menacés d'expulsion.

Témoignages.
Zeid (le prénom a été changé), 24 ans. " Après avoir obtenu mon diplôme à HEC, j'ai été recruté par un grand cabinet de conseil en stratégie. J'ai demandé un changement de statut à l'administration. Ma demande a été rejetée. Quand le poste que vous devez occuper ne fait pas partie des " métiers en tension ", le rejet est aujourd'hui automatique. C'est dommage. Originaire du Maghreb, cela fait sept ans que je suis en France. J'y ai suivi ma scolarité et cela a représenté un coût pour le pays : c'est un investissement fait par la France... Or, au moment où j'aurais pu commencer à travailler et à payer des impôts, on me demande de quitter le territoire ! J'ai toujours respecté la loi : j'irai donc travailler ailleurs plutôt que de rester illégalement en France, mais j'aurais préféré m'installer ici, où j'ai des amis et des attaches... En tout cas, cela donne l'impression d'un pays qui se referme sur lui-même... "

Sophia (le prénom a été changé), 23 ans, Marocaine. " Diplômée d'une grande école, je suis indignée. Après vingt ans de forte intimité avec la France et son système éducatif, et alors que j'arrive au moment crucial de la recherche d'emploi, on me ferme la porte au nez. Ce qui me déçoit le plus, c'est l'amalgame qui est fait entre notre situation et l'immigration en général... On n'a pas vocation à se sédentariser. On demande juste une première expérience en France afin de sanctionner une formation française. "
Xua (le prénom a été changé), 26 ans. Cette étudiante chinoise a fait appel à un cabinet spécialisé dans l'aide aux entreprises pour le recrutement d'employés étrangers : Migration Conseil, situé à Paris. D'après Alexandre George, directeur de ce cabinet, Xua est arrivée en France en 2003. Elle a suivi des cours de français intensifs pendant un an, puis elle s'est orientée vers un cursus universitaire dans la communication.
Ensuite, elle a été admise dans une grande école de communication parisienne pour y suivre une formation en alternance avec une entreprise qui compte parmi les leaders européens du secteur. Elle s'y occupait notamment de dossiers en lien avec la Chine. Mais quand est arrivée la fin de son alternance, en juin, et que son employeur a souhaité l'embaucher, elle a essuyé un veto de l'administration française.

Le Monde 29/9/2011

AA: Quel gâchis pour la France, pour son image, son rayonnement, sa culture! Espérons que les centaines de milliers d'étudiants français à l'étranger, ne subiront pas de mesures de rétorsion...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire