vendredi 17 août 2012

Des économistes en appellent à la raison



Plus de quatre ans après le début de la crise financière, les grandes économies du monde restent profondément déprimées, dans un scénario qui rappelle trop celui des années 1930. Et la raison est simple : nos décideurs ont les mêmes idées que celles qui ont guidé la politique dans les années 1930.


Le moment est donc venu d’un Manifeste dans laquelle des économistes proposent une analyse fondée sur des faits. Parmi les signataires, des grands noms de la profession : Krugman, Layard, Hodgson, Wyplosz…




Traduction de quelques passages :


Les causes


De nombreux décideurs estiment que la crise a été provoquée par l’emprunt public irresponsable. A quelques rares exceptions près - autres que la Grèce -, c’est faux. En réalité, les conditions de la crise ont été créées par les emprunts du secteur privé, y compris l’effet de levier des banques. Ainsi, les importants déficits publics que nous voyons aujourd’hui sont une conséquence de la crise, et non sa cause.


La nature de la crise


Lorsque les bulles immobilières ont éclaté des deux côtés de l’Atlantique, de nombreux agents privés ont sabré dans leurs dépenses afin de tenter de rembourser leurs dettes passées. Il s’agissait d’une réponse rationnelle de la part de ces personnes, mais - tout comme dans les années 1930 - elle s’est avérée collectivement autodestructrice, parce que les dépenses d’une personne constituent les revenus d’une autre personne. Le résultat de la réduction des dépenses de consommation a été un effondrement économique engendrant une hausse des dettes publiques.


Ce que serait une politique appropriée


À une époque où le secteur privé est engagé dans un effort collectif pour dépenser moins, les politiques publiques devraient agir comme une force stabilisatrice, en essayant de soutenir les dépenses. À tout le moins nous ne devrions pas aggraver les choses par de larges coupes dans les dépenses publiques, ou de fortes augmentations des taux d’imposition sur les gens ordinaires. Malheureusement, c’est exactement ce que de nombreux gouvernements sont en train de faire.


La grande erreur


Après avoir répondu ainsi à la première phase, la plus aiguë de la crise, les idées couramment admises [conventional policy wisdom] ont pris un mauvais virage politique - en se concentrant sur les déficits publics, qui sont pourtant une conséquence du plongeon de l’activité. De plus, cette pensée fait valoir que le secteur public devrait tenter de réduire ses dettes en tandem avec le secteur privé. En conséquence, au lieu de jouer un rôle stabilisateur, la politique budgétaire a fini par renforcer et exacerber les effets récessifs des coupes dans les dépenses du secteur privé.


Comment ceux qui soutiennent les politiques actuelles répondent-ils à nos arguments ? Ils utilisent deux arguments très différents à l’appui de leur cause.


La confiance


Leur premier argument est de dire que les déficits publics vont entraîner une hausse des taux d’intérêt.


Mais il n’existe aucune preuve en faveur de cet argument. Tout d’abord, malgré des déficits exceptionnellement élevés, les taux d’intérêt sont aujourd’hui tombés à de bas niveaux sans précédent dans tous les grands pays où il y a une banque centrale qui fonctionne normalement. Cela est vrai même au Japon où la dette publique dépasse désormais 200% du PIB annuel ; la dégradation de la dette japonaise par les agences n’a eu aucun effet sur les taux d’intérêt japonais. Les taux d’intérêt ne sont élevés dans certains pays de la zone euro que parce que la BCE n’est pas autorisée à agir comme prêteur de dernier ressort au gouvernement. Ailleurs, la banque centrale peut toujours, si nécessaire, financer le déficit.


En outre, le FMI a étudié 173 cas de compressions budgétaires dans différents pays et a constaté que le résultat est conforme à ce que nous avançons. Dans les rares cas où la consolidation budgétaire a été suivie d’une croissance du PIB, cette évolution s’expliquait principalement par une forte dépréciation de la monnaie [baisse du taux de change], ce qui n’est possible aujourd’hui. La leçon de l’étude du FMI est claire - les coupes budgétaires retardent la reprise. Et, d’ailleurs, c’est ce qui se passe aujourd’hui - les pays où les coupes budgétaires ont été les plus importantes sont ceux où la récession est la plus forte.


Car la vérité est, comme on peut le voir actuellement, que les coupes budgétaires n’inspirent pas confiance aux entreprises. Les entreprises n’investiront que si elles ont suffisamment de clients disposant d’un revenu suffisant. En réalité, l’austérité décourage l’investissement.


Il existe donc des preuves massives à l’encontre de l’argument selon lequel les coupes budgétaires, en réduisant les déficits, engendreraient la confiance des entrepreneurs et des consommateurs.


L’argument structurel


Un deuxième argument pour s’opposer aux déficits publics consiste à dire que la production est en fait limitée du côté de l’offre, en raison de déséquilibres structurels [les entreprises ne pourraient embaucher à cause de la législation, les marchés ne seraient pas suffisamment concurrentiels, etc.].


Si cette théorie était juste, cependant, au moins certaines parties de nos économies devraient être au maximum de leurs capacités, au moins pour certaines professions. Mais dans la plupart des pays, ce n’est tout simplement pas le cas. Tous les secteurs majeurs de nos économies sont en difficulté, et chaque profession a un chômage plus élevé que d’habitude. Donc, le problème doit être un manque général de dépenses et de la demande [et non pas d’adaptation des marchés du travail aux besoin des entreprises].


Dans les années 1930, le même argument structurel a été utilisé contre les politiques de dépenses menées aux États-Unis. Cependant, on observe que comme les dépenses publiques ont augmenté entre 1940 et 1942, la production a augmenté de 20%. Cela prouve que, dans les années 1930 comme aujourd’hui, le problème était un manque de demande, pas d’insuffisance de l’offre.


En raison de leurs idées fausses, de nombreux décideurs occidentaux sont en train d’infliger des souffrances massives à leurs peuples. Les idées qu’ils défendent sur la façon de lutter contre les récessions ont été rejetées par presque tous les économistes, après les désastres des années 1930. Au cours des quarante années ou à peu près qui ont suivi, l’Ouest a connu une période sans précédent de stabilité économique et de faible chômage.
Il est tragique qu’au cours des dernières années les vieilles idées aient à nouveau pris racine. Mais nous ne pouvons plus accepter une situation dans laquelle les craintes erronées de hausse des taux d’intérêt pèsent plus fortement dans les décisions politiques que les horreurs du chômage de masse.

Les meilleures politiques qui devront être adoptées seront certes différentes selon les pays et elles nécessiteront dans chaque cas un débat approfondi. Mais elles doivent être fondées sur une analyse correcte du problème. Par conséquent, nous demandons instamment à tous les économistes et aux autres personnes qui sont d’accord avec l’orientation générale de ce Manifeste de manifester leur accord, et de soutenir publiquement l’idée d’une approche plus saine de l’économie. Le monde entier souffre quand les hommes et les femmes restent silencieux à propos de ce qu’ils savent être faux.



Gilles Raveaud est maître de conférences en économie à l'Institut d'Etudes Européennes de l'université Paris 8 Saint-Denis. Après sa thèse à l'université Paris 10 Nanterre, il a effectué un post-doctorat à l'université Harvard (Etats-Unis). Il a contribué aux ouvrages Petit Bréviaire des idées reçues en économie (La Découverte) et Douze économistes contre le projet de constitution européenne (L'Harmattan). Il est membre du comité de rédaction de la revue L'Economie Politique.







9 commentaires:

  1. une rumeur de plus!!!!!!!!!!!!!!
    la mairie se prépare à organiser pour le personnel un repas champêtre. y a t-il quelqun au courant. cout 70000€????????

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  2. Déjà annoncé...C'est le 28 septembre...

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  3. Espérons que le nombre de convives se comptera au minima même si le repas sera certainement une aubaine pour ceux et celles qui n'ont pas l'habitude d'une bonne collation savoureuse puisque leur salaire ne leur permet pas.
    Mes brochettes auront une saveur de fierté contrairement à celles qu'ils concocteront épicées d'hypocrisie et de mensonge.
    Mon absence servira peut-être d'exemple à d'autres.

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  4. Un repas champêtre pour un coût de
    70000€??!!
    De mieux en mieux!Il est vrai qu'ils
    n'ont pas hésité à dépenser plus de
    200000€ de voiture de fonction pour
    les super cadres.
    Le Maire et son illustre équipe ne
    sont plus à ça près.

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  5. avec ces pignoufs incompétents,nos impôts ne sont pas prêt de baisser.
    ils ont tellement à se faire pardonner par les employés municipaux ,qu'ils les achetent,en leur remplissant leurs gamelles ( panem et circenses ).on verra bien combien il y aura d'esclaves soumis .
    repas gratos ,c'était les methodes dalongeville avec les personnes agées au cédre bleu. repas surfacturés,n'est-ce pas mr mouton,qui à l'époque ,avala difficilement la pilule !
    pauvres minables ,ces methodes que la liste apolitique de l'A.R. critiquait,voila qu'ils les appliquent maintenant.
    ils sont pire que lui,je vous dit .honteux et lamentable !!!

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  6. comme l'année derniére,lens ,
    devant dijon ,incapable de tenir le score,et incapacable de tuer le match.
    pollet rate 9 occasions sur 10.
    dominateur en premiére mi-temps,les " sang et or " ont failli le perdre.il ne tiennent pas 90 minutes.
    pourtant depuis 3 ans ,ils devraient savoir que les points perdus,ne se rattrapent jamais.
    allez lens quand même.
    jouons le maintien.
    quel gachis,encore, des lensois à la derniere minute !!!!
    N.B. :ils se sont trompés de belge..ils auraient du prendre eden hazard ,le lillois

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  7. à 15 h 15.
    soit environ 100 euros le repas.
    hein bin,yé bon !!!

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  8. De toutes façons,les organisateurs savent que tant qu'il y a à boire et à manger, les amateurs sont toujours présents!
    On parie qu'ils seront plus nombreux que certains pensent, il suffit de bien connaître la nature humaine.
    Mais le maire consort doit avoir bien des regrets envers certaines personnes, peut-être est-ce une façon de se racheter un peu,( Élections en vue!!!!!) il ne peut pas dire qu'à une telle échelle, il ne savait pas.

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  9. à 15h15:- 70000€+200000€ = 270000€? ça fait combien de rues et de trottoirs réparés avec cette somme?
    Mais bon, ils auraient tort de se gêner, comme rien ne se passe!

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