lundi 14 janvier 2013

Sur l'accord syndicat/organisations patronales


L'article suivant du Monde (12 janvier) est très engagé car il justifie entièrement l'accord passé vendredi...Le bloc-notes qui suivra cet article me permettra de nuancer...


Emploi: un accord presque historique

Enfin une bonne nouvelle pour François Hollande : alors que le chômage et la précarité explosent, les partenaires sociaux, au terme de trois mois de négociations qui ont mis en relief les divisions syndicales et patronales, ont abouti, vendredi 11 janvier, à un accord pour "un nouveau modèle économique et social au service de la compétitivité des entreprises et de la sécuri sation de l'emploi ". "Un succès du dialogue social", s'est félicité M. Hollande, qui voit valider sa méthode sociale-démocrate fondée sur le compromis social.
L'accord qui devrait être signé par trois syndicats - CFDT, CFTC et CFE-CGC - et par les trois organisations patronales a l'imperfection de tous les compromis, mais il est équilibré, gagnant-gagnant. Aux entreprises, il apporte une meilleure sécurité juridique sur les procédures de licenciement et valide les "accords de maintien dans l'emploi" - prévoyant pour un maximum de deux ans baisses des salaires et du temps de travail en échange du maintien des effectifs - en cas de "graves difficultés conjoncturelles". Elles gagnent un surplus de flexibilité, mais celle-ci sera encadrée par des accords avec les syndicats.
Les salariés empochent des droits nouveaux : création d'une complémentaire santé, mise en place de "droits rechargeables à l'assurance-chômage" - un chômeur qui retrouve un emploi ne perd pas ses droits déjà acquis -, taxation d'une partie des contrats courts, encadrement du temps partiel, instauration d'un compte personnel de formation tout au long de la vie, entrée de salariés, "avec voix délibérative", dans les conseils d'administration des entreprises françaises de 5 000 salariés. Le compromis esquisse ainsi la sécurité sociale professionnelle réclamée par la CFDT et... la CGT.
M. Hollande n'a pas obtenu le "compromis historique" dont il rêvait il y a deux mois encore, la CGT et FO réfutant l'accord. Mais il s'agit tout de même d'un accord historique, une nouvelle étape dans les relations sociales. Dans un pays qui n'a pas une tradition de compromis et où le syndicalisme est faible, les signataires ont courageusement pris le risque de la réforme au lieu de s'accrocher à un statu quo mortifère. Laurence Parisot, la présidente du Medef, n'a pas tort de saluer "l'avènement d'une culture du compromis après des décennies d'une philosophie de l'antagonisme social".
"La CFDT a voulu rentrer dans la mêlée et a mis les mains dans le cambouis", a commenté Laurent Berger, le nouveau secrétaire général de la CFDT, qui parle d'un accord "ambitieux". Ce compromis va légitimer le syndicalisme réformiste et le dialogue social, si bien que la stratégie de la CGT et de FO pourrait s'avérer perdante. La première tourne le dos à la mutation réformiste entreprise par Bernard Thibault depuis quatorze ans, essayant d'effacer les dégâts de sa crise de succession par une fuite en avant radicale. La seconde, qui a joué le jeu de la négociation, perd l'occasion de disputer à la CFDT le rôle d'interlocuteur privilégié du gouvernement.
Alors qu'elles n'arrivent pas à mobiliser des salariés plus inquiets en raison de la crise que combatifs, la CGT et FO vont guerroyer contre l'accord. Mais il y a peu de chances pour que se rejoue l'épisode de 1984, quand les bases syndicales avaient empêché leurs directions de signer - déjà ! - un accord sur... la flexibilité.
Il reste au gouvernement à respecter sa promesse et à transposer dans la loi ce texte signé par trois syndicats. M. Hollande s'est déjà engagé à "transcrire fidèlement les dispositions d'ordre législatif prévues dans l'accord". Jean-Marc Ayrault a tenu le même langage. Et Harlem Désir, au nom du Parti socialiste, a apporté son soutien. Mais le plus dur est à venir : obtenir des élus socialistes le même respect de la démocratie sociale.

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