mercredi 3 septembre 2014

Après La Rochelle


Un Parti socialiste en crise peut-il encore se réinventer ?

LE MONDE | 



Comment rebâtir sur des ruines ? Comment réinventer en cent jours, et en pleine tempête politique, « une charte de l'identité socialiste » ? C'est le défi qu'a lancé Jean-Christophe Cambadélis en donnant le coup d'envoi, lors de l'université d'été de La Rochelle, du 29 au 31 août, aux Etats généraux des socialistes. François Hollande et Manuel Valls sont confrontés à une crise de confiance sévère. Le Parti socialiste est en plein désarroi et affiche ses fractures, et c'est le moment qu'a choisi son premier secrétaire pour « refonder un nouveau progressisme ».
Trois images fortes de la « cuvée 2014 » des universités d'été du PS montrent l'ampleur de la tâche qui attend les socialistes. La première est celle de cette improbable table ronde qui a réuni, le 30 août, tous les dirigeants de la gauche autour de M. Cambadélis : Pierre Laurent (Parti communiste), Jean-Michel Baylet (Parti radical de gauche), Emmanuelle Cosse (Europe Ecologie - Les Verts), Jean-Luc Laurent (Mouvement républicain citoyen), Robert Hue (Mouvement unitaire progressiste) et Jean-Luc Bennhamias (Force démocrate, écologique et sociale).

« IL FALLAIT CASSER UN PEU DE VAISSELLE »
A première vue, cette confrontation a conforté l'isolement du PS et l'étroitesse – et la fragilité – de sa majorité. Tous ont confirmé la mort de l'union de la gauche ou de la « gauche plurielle » chère à Lionel Jospin. « Avec un projet social-libéral, a proclamé Mme Cosse, je ne vois pas comment on peut faire l'unité. » Acclamé et sifflé, M. Laurent s'est livré à un réquisitoire, jugeant que « le contrat » de 2012 avec le PS, « renié jour après jour, vient d'être déchiré devant les Français ». Mais le secrétaire national du PCF, bravant les foudres de Jean-Luc Mélenchon, n'a pas fui La Rochelle, même au lendemain de l'hymne à l'amour de l'entreprise de M. Valls au Medef. Pour que cette réunion ait lieu, s'est réjoui M. Cambadélis,« il fallait casser un peu de vaisselle. Eh bien, c'est fait ! La gauche dialogue ».
La seconde image forte a été le discours de Laura Slimani présidente du Mouvement des jeunes socialistes (MJS), le 31 août. Par nature, le MJS joue les poils à gratter. Mais jamais son dirigeant n'était allé jusqu'à dire devant le premier ministre, comme l'a fait, avec courage, Mme Slimani, que "la politique menée ne correspond pas à ce pourquoi nous avons été élus". Sa diatribe a permis aux « frondeurs » et aux contestataires de la ligne Valls de déverser leur colère avant le discours de ce dernier. Mais elle n'a pas empêché que, pour la première fois, un premier ministre soit sifflé à La Rochelle, même si les applaudissements ont été plus nourris.
Cette troisième image restera d'autant plus que c'est la simple évocation de « l'entreprise » qui a provoqué des huées, amenant M. Valls à répliquer : « Est-ce que vous vous rendez compte ? Quel message adressez-vous aux Français ? » Droit dans ses bottes, le premier ministre a pourtant fait habilement passer son message, réussissant même à faire applaudir M. Hollande par une assemblée qui doute de plus en plus de son président. Mais le PS a encore du chemin à faire pour assumer son réformisme.

FRACTURE RÉFORMISTE
C'est loin d'être la première fois que le PS est confronté à une crise qui l'oblige à se redéfinir. En 1983, il avait esquivé le débat sur la rigueur en parlant de « parenthèse ». En 1990, le calamiteux congrès de Rennes avait illustré le naufrage du mitterrandisme. Et dans la dernière décennie, et beaucoup plus qu'en 2014, il a été deux fois au bord de l'implosion : en 2005, quand il s'est déchiré sur le référendum européen entre M. Hollande et sa majorité qui prônaient le oui, et Laurent Fabius et M. Mélenchon qui défendaient le non ; en 2008, lors du congrès de Reims il s'était coupé en deux entre les partisans de Martine Aubry et ceux de Ségolène Ro- yal. Mais sa crise est d'autant plus grave que, cette fois et au pire moment, il est au pouvoir. Et comme l'expliquaient dès 1992 Alain Bergounioux et Gérard Grunberg (Le Long Remords du pouvoir, Fayard), il préfère souvent le confort de l'opposition aux risques de la responsabilité.
Depuis qu'il a adopté, à l'unanimité en 2008, une nouvelle déclaration de principes, le PS se définit comme « un parti réformiste » qui « porte un projet de transformation sociale radicale ». Dans ce texte, qui va être de nouveau révisé, il se prononce pour « une économie de marché régulée par la puissance publique» mais le mot « entreprise » n'apparaît pas. La fracture se situe entre un réformisme de transformation, prêt à s'affranchir des contraintes du réel, et un réformisme de gestion, prêt à renvoyer à des jours meilleurs le temps des rêves et des utopies.
Face à M. Valls, fidèle au social-libéralisme qu'il défendait lors de la primaire de 2011, M. Cambadélis se veut un socialiste « à la pratiquesociale-démocrate ». Le social-libéralismea-t-il martelé, « n'est ni dans notre vocabulaire ni dans notre tradition ». Une mise en garde qui a conduit M. Valls à assurer que « la gauche n'a jamais été aussi nécessaire, pour affirmer le rôle de la puissance publique, pour réguler, pour défendre la justice sociale, pour retrouver l'espoir ». M. Valls obtiendra sans doute la confiance – sans empêcher une guérilla parlementaire permanente – et M. Cambadélis réussira peut-être – sur fond de préparation d'un congrès à hauts risques – à réinventer l'identité du PS. Mais l'un et l'autre auront du mal à venir à bout du terrible doute qui ronge les socialistes.

13 commentaires:

  1. Ce commentaire s' adresse à Mr LAPIERRE avec l'autorisation préalable de Mr ALPERN. Issu moi même d'une famille protestante, j'aimerais vous rencontrer. Je trouve vos écrits très intéressants; même s'ils sont parfois abusivement malmenés, et même si je ne les approuve pas tous dans leur entièreté. Ce serait un grand plaisir pour moi de vous rencontrer. A cet effet, je vous donne mon adresse mail: gbouquillon@numericable.fr Respectueusement. GB

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  2. Je ne suis pas au PS, bien que je me souvienne avec plaisir de mes années de militantisme ( de 74 à 93.....Ce qui n'est pas rien). Je suis en désaccord absolu avec la théorie de Valls. Je ne partage absolument pas les discours de Peillon et de ses 2 successeurs à l' Education Nationale ( 3 ministres en 2 ans, là, où il faudrait de la stabilité), pour autant le " dégueulage" permanent envers le président et son gouvernement me fait peur. Que la Droite critique, c'est normal et sain. Que la Gauche dans sa diversité puisse contribuer au légitime débat Républicain, c'est normal aussi. Mais l'acharnement " Anti Hollande" auquel nous assistons aboutira je le pense à un débat " Le Pen" " Sarko" et ce sera la dernière étape avant ce qu'il y a de pire pour notre République : Le FN au pouvoir. GB

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    1. Voir aujourd'hui les unes des quotidiens d'extrême droite attaquant ignoblement madame Belkacem est écoeurant . Tout me répugne chez ceux qui ont voté en leur âme et conscience pour ce parti .Après ,madame Taubira , c'est elle qui subit la débilité de l'extrême droite , une débilité donnant des frissons , une débilité effrayante car calculée . J'ai peur , économiquement et démocratiquement de l'arrivée au pouvoir de ces gens .Rien n'est respecté par cette stupide horde . Entre les horreurs avec sabre des milices islamiques , et les horreurs avec écrits et photos des milices d'extrême droite , il n'y a que peu de différences .

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    2. Le malade du pinceau est aussi un fiéffé coquin!

      La première adjointe de Fabien Engelmann, maire FN d'Hayange et conseiller de Marine Le Pen, a payé pendant la campagne municipale des factures qu'elle n'aurait pas dû régler. Le maire risque un rejet de ses comptes de campagne et une peine d'inéligibilité. La direction du FN était informée depuis la mi-août. Mediapart publie les documents.

      « Nous sommes prêts à gouverner », répète Marine Le Pen depuis dimanche, à l’occasion de sa rentrée politique. On peut encore en douter à voir la gestion de son conseiller « au dialogue social », le maire d’Hayange (Moselle), Fabien Engelmann. Depuis quelques jours, les règlements de comptes dans l’équipe municipale d’Hayange tournent au grand déballage, démontrant au passage l’amateurisme de certains élus frontistes.

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    3. Ouais, waouh wouah est aussi d'accord.

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    4. Vous aves raison 18 h12 quel amateurisme ces frontistes , heureusement que la gauche et la droite se partage les gouvernements successifs depuis des décenies .Sinon imaginer dans quel état serait le pays aujourdhui!! houlala...

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    5. Ce serait bien pire aucun doute avec le parti d'extrême droite

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  3. Marina le pen, la "divine" à son papa...défendant son copain coquin d'Hayange:
    "Les médias vont dans les municipalités FN comme au zoo"
    Et en mars dernier à Hénin cela ne semblait pas la gêner les caméras, la belle valseuse?
    " On ne s'immisce pas dans les gestions des mairies FN".... Ben, tiens!
    Pitoyable.

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  4. On habite Hayange ou Hénin Beaumont ?

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    1. pourquoi ça vous gêne l'imposture FN?

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    2. L'imposture est avant tout socialiste. Le FN vient après dans la hiérarchie des menteurs. Car oui, il ment AUSSI.

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